Wilmots: « Notre compétition régresse depuis trois ans » (+ Vidéo)

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« La division des points par deux me dérange… » confie Marc Wilmots.

C’est une évidence : le sélectionneur fédéral ne voue pas une grande affection aux playoffs…

Notre championnat a constitué, ces dernières années, un remarquable tremplin pour nos footballeurs les plus doués. Ne peut-il pas redevenir plus que cela ?

« Il faut analyser cela de deux manières : la positive et la négative. Les playoffs, qui en sont à leur cinquième édition, ont été créés dans l’espoir de valoriser notre compétition tout en privilégiant les finances, par le biais des droits TV. Depuis trois ans, on doit constater que le niveau du championnat n’a pas progressé. C’est même le contraire qui s’est produit : le niveau a baissé. Cette régression est l’aspect négatif de cette réforme. »

Quel est son aspect positif ?

« Nos clubs – les quatre ou cinq grands tout particulièrement – ont investi dans les centres de formation. Ils offrent ainsi une chance de percer aux jeunes. Ces derniers disputent plus de matches, ils acquièrent du temps de jeu. C’est la raison pour laquelle, chez nous, on travaille beaucoup la relève, les U21. Naguère, on privilégiait plutôt l’acquisition d’un élément étranger potentiellement plus rentable immédiatement. Il y a à boire et à manger partout. Il faut accorder aux jeunes le temps de faire leurs preuves. C’est en accumulant les matches qu’ils s’aguerrissent, c’est en prenant des coups qu’ils peuvent forger une carrière. Je peux comprendre qu’on ait choisi le court terme comme d’habitude, la rentabilité immédiate que génèrent les droits TV. Mais moi, comme sportif, je n’aime pas me dire que quand je perds un match, je ne gaspille qu’un point et demi. C’est un mauvais signal. »

Que reprochez-vous surtout aux playoffs actuels ?

« Ce qui m’ennuie surtout, c’est la division des points par deux au terme de la phase de championnat dite classique. Quand tu t’es battu sur un terrain pendant trente matches, pourquoi te supprime-t-on la moitié des points acquis ? Bien sûr, si une équipe aborde les playoffs avec quinze unités d’avance, ces derniers ne recèlent plus aucun attrait. Mais, comme joueur, je n’approuve pas cette formule. »

En privilégiant l’appel massif aux jeunes, le championnat de Belgique ne deviendrait-il plus qu’une compétition d’espoirs puisque notre équipe nationale A ne regroupe pratiquement que des éléments qui évoluent à l’étranger alors que notre formation Espoir n’aligne que des éléments émargeant à notre compétition ?

« Tout dépend de l’intensité des entraînements et du rythme des matches. Quand on voit le rythme imposé aux joueurs des équipes allemandes qui courent entre douze et quatorze kilomètres par rencontre, les joueurs ne peuvent émerger que s’ils baignent dans une condition physique optimale et s’ils vivent vraiment pour leur métier. Les clubs allemands sont des grosses sociétés exigeantes, qui n’acceptent pas que leurs employés évoluent plusieurs semaines durant à un rythme moyen. La sanction est alors qu’un autre prend ta place. Cette exigence permanente pousse les joueurs à se dépasser et à consentir les efforts nécessaires pour se garder en condition. C’est à ce niveau de perfection qu’on doit tendre. Maintenant, il ne faut pas dénigrer le football belge, mais on voit qu’à un niveau européen, on est à la traîne. Et même sérieusement. Je pose là un constat. La question suivante est : que fait-on pour remédier à ces carences dûment constatées ? Ce n’est pas à moi qu’il appartient de résoudre ce problème. Il existe une Ligue professionnelle, qui regroupe les clubs, et qui planche sur le sujet. Ce que je veux, moi, c’est que le football belge progresse à tous les niveaux. Car si on ne dispose plus de cette essence dans ce moteur-là, que nous reste-t-il ? Pas grand-chose. Pour atteindre cet objectif, il faut des gens ambitieux, qui fignolent un projet qui doit, forcément, s’étaler sur quatre ou cinq ans. »

Pourquoi les playoffs n’ont-ils pas rempli leur rôle qui était d’élever le niveau des meilleures formations du pays ?

« Vous posez cette question à quelqu’un qui n’a jamais disputé cette mini-compétition. Mais qui peut croire qu’on va élever son niveau le 15 mars, quand on signe le coup d’envoi de ces playoffs ? Moi pas en tout cas. Je vous réponds ici comme un amateur de football, pas comme un sélectionneur. Les playoffs continuent de diviser notre petit monde. Personnellement, je persiste à penser qu’ils ne constituaient pas une bonne initiative. Je le répète : depuis trois ans, notre championnat n’a pas progressé, il a plutôt reculé. »

Quelle serait alors la bonne formule ?

« Il ne m’appartient pas d’imposer mes vues aux personnes chargées de plancher sur le sujet. Je dis simplement qu’en acceptant de diviser les points par deux, on donne un mauvais signal aux sportifs. Au mois de mars, l’écart entre le 1er et le 6e est, globalement, de huit points. Tout concourt à ce que le championnat commence réellement au mois de mars… Avec, pour les supporters, l’obligation de s’offrir un mini-abonnement. Je n’approuve pas… »

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