Dans la tourmente depuis plusieurs mois, Bruno Venanzi, le président du Standard était l’invité de La Tribune ce lundi soir. Il s’est livré sur ses deux premières années à la tête du club qu’il supporte depuis toujours. Sur le cas de plusieurs joueurs, sur ses regrets, sur ses choix, sur Daniel van Buyten… Tous les sujets ont été abordés (presque) sans tabou.
« On a tendance à vouloir tout remettre en cause mais ce n’est pas le bon réflexe »
Directement mis sur le grill quand Michel Lecomte lui demande s’il n’a pas parfois envie de jeter l’éponge, Bruno Venanzi répond du tac au tac : » Jamais ! « , il développe, » Jamais parce que quand j’ai repris le club il y a deux ans, je savais et mes prédécesseurs m’avaient prévenu. Je savais que c’était une tâche difficile, je savais qu’il y aurait des bons moments, des moins bons moments. Effectivement pour le moment on est dans une phase difficile surtout par rapport aux résultats parce qu’on continue à restructurer le club. Et on sait où on va mais c’est vrai que par rapport aux résultats et un soir de défaite ou même de match nul c’est vrai que c’est difficile et qu’on a tendance à vouloir tout remettre en cause mais ce n’est pas du tout le bon réflexe. On travaille sur du moyen et sur du long terme. Même si on ne veut pas se voiler la face on ne doit pas regarder à la semaine suivante mais à l’année suivante. »
Venanzi est le seul patron à bord et ça ne devrait pas changer. « Je suis actionnaire à 99.99% de la SA Standard de Liège, je compte bien le rester. Si Lucien D’Onofrio peut aider à amener des nouveaux joueurs grâce à son important réseau, pourquoi pas. »
Le patron du Standard est conscient que la pression sera grande la saison prochaine. » Nous n’aurons pas droit à l’erreur . Après deux saisons ratées, nous devons être en Play-Offs 1. Ce sera le premier objectif. »
La neuvième place n’était évidemment pas celle espérée par le Standard en début de saison. » Bien sûr que non. Cette saison est une grosse déception, une saison pourrie. Je pense qu’on a, au niveau du club, tous des responsabilités et moi le premier en tant que président. Le staff n’a pas toujours su gérer les joueurs. Les joueurs eux-mêmes n’ont pas toujours eu l’attitude qu’on voulait sur le terrain. Et même les supporters… parce que quand on repense au match contre Charleroi qui était très important, leur comportement aussi a été dommageable. »
Les décisions les plus difficiles depuis son arrivée à la tête du club ? » C’est toujours difficile de se séparer de personnes. C’est d’abord parce qu’on a fait des mauvais choix et il faut savoir faire son autocritique et ce n’est pas toujours facile. Puis c’est l’humain, parce que derrière les fonctions il y a des personnes et derrière ces personnes il y a des bonnes personnes. Et donc ça, c’est parfois compliqué, oui. »
Des regrets ? » Parfois je regrette de ne pas prendre des décisions plus tôt, plus vite. Parfois je regrette de ne pas prendre plus de recul vis-à-vis de certaines décisions mais je ne regrette pas une décision en particulier. »
La meilleure décision qu’il ait prise ? » Je pense que c’était de racheter le club et j’entends le prouver avec mon équipe dans les prochaines années. »
« Tout est plus clair depuis les départs de Van Buyten et Claes »
Concernant le transfert de Trebel à Anderlecht : « En fait, quand j’ai repris le club j’ai eu un entretien avec Adrien, on a prolongé son contrat et on avait un accord disant que si un club l’intéressait après au moins une saison, on avait promis de s’asseoir et de ne pas faire obstacle à ce départ. Donc quand ça s’est présenté concrètement au mercato de janvier, on a négocié avec trois clubs dont Gand et Anderlecht et puis le joueur a pris sa décision en fonction d’un prix que j’avais fixé. Un prix minimum qu’on a dépassé et donc nous avons pris cette décision. Maintenant c’est clair qu’Adrien est un très bon joueur de foot, il l’a prouvé la première année au Standard. Aujourd’hui son entourage est différent aussi, je pense qu’il faut appeler un chat un chat. C’est plus facile de jouer dans un club en confiance avec des joueurs qui respirent la forme. »
Pour Bruno Venanzi, l’affaire Gillet est uniquement un buzz voulu par son agent, Mogi Bayat: « Guillaume Gillet je pense qu’il faut voir les raisons ailleurs. Son agent est quelqu’un d’intelligent et de rusé. Gillet n’a plus qu’une année de contrat à Nantes et je pense que faire le buzz dans ce genre de situations c’est toujours plus facile pour renégocier un contrat. Moi je n’ai pas téléphoné à Guillaume Gillet. » Rappelons que ce dernier a été cité cette semaine disant qu’il ne jouerait jamais au Standard.
Des offres reçues pour Belfodil pendant le mercato ? « On a eu des discussions avec Belfodil pendant le mercato, beaucoup de discussions, on en a parlé beaucoup en interne. J’en ai parlé beaucoup au coach en janvier, par rapport à Trebel et Belfodil. J’en ai parlé à Jankovic. Le coach m’a dit que s’il y avait un transfert de l’un ou de l’autre on serait en PO1 à deux matches de la fin de la phase classique. Donc on a discuté des transferts mais pour Belfodil in fine je n’ai pas reçu d’offre officielle d’Everton. »
Le président a conscience de l’état dans lequel se trouve son club: « Aujourd’hui, il ne faut pas se voiler la face. On est en situation de crise, certainement au niveau des joueurs. Et donc quand vous êtes dans une telle situation vous perdez un peu votre confiance, la dynamique n’est pas bonne. Regardez Bruges contre Anderlecht… ok, ils sont dans une situation que j’envierais: d’être en PO1 et de jouer pour la première place mais aujourd’hui on sent qu’il y a un mal-être. »
Parle-t-on de faire appel à un psychologue pour contrer ce mal-être au Standard ? « Oui bien sûr, par rapport à ce que nous faisons au quotidien au niveau du club parce qu’on n’a pas attendu d’être en PO2 et de n’avoir que deux points en PO2. Il y a une restructuration qui se met en place, il y a un organigramme qui, maintenant je pense, est clair pour tout le monde. Depuis le départ de Daniel Van Buyten et Bob Claes notamment. Tout est plus clair vers l’extérieur et en interne aussi. La dynamique est bonne au niveau interne. On a mis un comité de direction en place, ça n’existait pas. On a mis en place des plans financiers, ça n’existait pas. On a mis en place une politique de ressources humaines, ça n’existait pas, que ce soit pour les joueurs ou les employés. Tout ça prend du temps, c’est une vraie restructuration d’entreprise. »
Le président ose même: « Malheureusement peut-être, je dis malheureusement même si je suis très content, l’année passée on a gagné la Coupe de Belgique mais c’était l’arbre qui cache la forêt. Parce que dans le fond, la dynamique n’était pas spécialement bonne mais on était très content de gagner ce trophée. Il y en a deux en Belgique et on en gagne un, on est évidemment très content et très fier. On était aussi en Europa League, mais je pense que derrière se cachaient tous ces problèmes. Le club perdait 7 millions d’euros. C’est beaucoup d’argent. Ça veut dire que si vous ne changez pas la dynamique, on s’enfonce. Ça veut dire que vous risquez de ne plus avoir de licence. Cette année j’ai remis dix millions dans le club il y a quelques semaines. Ça nous a permis aussi de faciliter les choses pour la licence et d’investir dans de nouveaux projets. Les comptes sont à l’équilibre. Ce n’est pas sexy à dire mais c’est important pour le futur du club. »
Entre Renard et van Buyten: « J’ai choisi le meilleur rapport qualité-prix »
Bruno Venanzi a défini quelques pistes pour le prochain mercato: « On recherche quelques joueurs d’expérience avec un profil belge et l’ADN Standard. C’est-à-dire des joueurs dont on sait qu’ils vont se battre pour les valeurs du Standard. Quand les joueurs viennent de l’académie, ils ont trempé dans l’ambiance du club et ils savent ce que les supporters attendent d’eux. Il faut retenir ces jeunes et leur donner un projet. Jérôme Déom a joué, d’autres vont suivre. »
Le président du Standard est de nouveau revenu sur le départ polémique de Daniel van Buyten: « Quand Daniel est arrivé tout le monde a salué sa venue. Il m’a appris beaucoup de choses. J’ai voulu entretenir une saine rivalité entre Olivier Renard et Daniel Van Buyten. Je n’ai pas su la gérer. J’ai du faire un choix et j’ai choisi le meilleur rapport qualité prix. C’est aussi trivial que cela. »
La nomination de José Jeunechamps à la tête de l’équipe première a surpris tout le monde. Bruno Venanzi l’explique. » On veut prendre un peu de recul et analyser toutes les candidatures. On veut rencontrer plusieurs personnes. On veut quelqu’un qui colle à la mentalité Standard. On cherche un peu de stabilité. Et on ne veut plus se tromper, donc on prend un peu de temps. »
Il nie le fait que ses entraîneurs n’ont pas vraiment leur mot à dire: « L’entraîneur défini les profils, et puis la direction sportive choisit les joueurs. »
Mais il reste vague sur le prochain T1 du Standard: « Une chose est sûre, nous aurons notre nouvel entraîneur entre la fin du championnat et la reprise des entraînements. »
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