Le 27 août 2015, Sclessin broie du noir au terme d’une élimination sans gloire face à Molde en barrage de l’Europa League. C’est le soir choisi par Bruno Venanzi pour annoncer que Daniel Van Buyten va devenir le sixième membre du conseil d’administration du Standard. En plus d’être administrateur, le Carolo était aussi conseiller sportif du président pour lequel il était évidemment rémunéré, le chiffre de 500.000 euros étant régulièrement cité.
Depuis cette nomination, la stabilité n’a plus été de mise à Sclessin. Sur le terrain comme dans la direction. Bruno Venanzi voyait pourtant dans l’aide de son ami l’opportunité de professionnaliser le club sur le modèle du Bayern Munich. Avec l’Académie comme premier cheval de bataille d’autant plus que le club vient de perdre quelques-unes de ses dernières pépites. Le 17 février 2016, Christophe Dessy, le directeur technique du centre de formation est remercié et remplacé par le duo Ingrid Van Herle-Thierry Verjans. Ce dernier, un proche de Van Buyten, avait retrouvé le Standard en décembre 2015 en tant que chef du scouting. Son ascension le propulse même jusqu’au poste d’adjoint de Jankovic.
Mais la manière de procéder du conseiller du président heurte déjà en interne. Son mode de fonctionnement est individualiste. Le responsable des relations humaines voit s’empiler sur son bureau des factures d’hôtels ou autres pour des joueurs qui viennent effectuer des essais sans que personne ne soit prévenu et au mépris des formalités nécessaires à accomplir telles que les assurances. Or, à l’époque, Bruno Venanzi est engagé dans un autre combat : celui de la vente de Lampiris. Il l’avouera plus tard, celle-ci lui a empêché de garder un œil attentif sur ce qui se passait réellement au sein du club. Dans le cas inverse, il se serait rendu compte de la dégradation des relations au sein des membres de la direction, Van Buyten étant déjà à la base du remplacement d’Axel Lawarée par Olivier Renard en tant que directeur sportif.
« Avant, j’étais plutôt un président non actif », expliquait Venanzi le 6 août dernier après avoir acté la vente de son entreprise. « Maintenant, je deviens plutôt président exécutif et je suis là pour taper du poing sur la table. Le Standard de Venanzi commence maintenant. »
Et ses premières mesures sont fortes. Alors que Yannick Ferrera est sur un siège éjectable, Van Buyten s’affiche avec un autre entraîneur (Vitor Pereira) lors de Standard-Charleroi ou prend des contacts avec d’autres coaches (Rednic, Conceiçao) sans même en avertir son président. Un signal clair pour Ferrera qui est remplacé le 6 septembre par Aleksandar Jankovic épaulé par un staff choisi par le conseiller du président (Verjans, Vande Walle, Roex). Six jours plus tard, c’est au tour de Bob Claes de prendre définitivement la porte du Standard. Tout sauf une surprise pour ceux qui étaient au courant de l’inimitié existant entre « Big Dan » et son directeur général.
Une réflexion entamée dès le mois d’août
Progressivement, l’ancien Diable, qui ne peut pas être vu en peinture par l’ensemble du vestiaire, veut jouer un rôle plus que prépondérant au sein du club. Et notamment durant les périodes de transferts, avec l’aide de son ancien agent Christophe Henrotay. En août dernier, l’arrivée de Wallyson, pilotée par ce duo avant que le Standard ne se rende compte qu’il était blessé aux deux chevilles, a été l’élément déclencheur de la réflexion de Venanzi sur le bien-fondé de l’apport de Van Buyten. Et le rôle interpellant joué par l’ancien Diable et son agent dans la gestion des cas Trebel et Belfodil cet hiver ne fera qu’accentuer son questionnement légitime.
Depuis la défaite contre Courtrai, Van Buyten, visiblement trop réceptif au discours de son agent, ne s’est plus montré à l’Académie. Pour ne plus rencontrer notamment un Olivier Renard avec qui il ne communiquait plus. Sa place réservée à la table du club principautaire lors du Gala du Soulier d’Or, mercredi, est restée vide. Dimanche soir, à la demande de son président, il ne s’est pas déplacé à Beveren. Et pour cause : son sort était déjà scellé. Depuis une semaine, Venanzi avait déjà pris sa décision. « Je ne regarde pas ce que Van Buyten me coûte, mais ce qu’il me rapporte », soutenait encore son président il y a 6 mois. « Son avenir à Sclessin ? On fera le point au bout de son mandat de deux ans. » Finalement, il n’a pas fallu attendre aussi longtemps.
Les joueurs le trouvaient froid et inflexible
Dans l’esprit des supporters liégeois, Daniel Van Buyten était considéré comme une icône rouche à l’instar d’un Eric Gerets, d’un Wilfried Van Moer ou d’un Gilbert Bodart. Pourtant, l’ancien Diable rouge a seulement porté la vareuse du Matricule 16 durant deux saisons. Au décompte final, sa carrière de dirigeant à Sclessin s‘est avérée encore un peu plus courte.
La perspective d’un possible retour avait fait son chemin dans la foulée de sa retraite après le Mondial brésilien en 2014 et un flirt avorté avec Anderlecht qui lui proposait de réaliser une dernière pige après la fin de son contrat au Bayern Munich. En phase de réflexion sur ses possibilités d’avenir (agent, entraîneur, dirigeant), Daniel Van Buyten avait clairement affirmé ne pas exclure un retour au Standard.
Le rachat du club liégeois le 24 juin 2015 par Bruno Venanzi, grand ami de Christophe Henrotay et par corollaire de Daniel Van Buyten, a attisé les supputations, d’autant plus que le nouveau patron affirmait vouloir à nouveau remettre en valeur ses anciennes gloires, un peu ignorées par Roland Duchâtelet (qui était demeuré sourd à une première sollicitation du défenseur). « Van Buyten au Standard ? Ce n’est pas d’actualité. Je connais Daniel, qui est un ami, mais aucune décision n’a été prise en ce sens », ajoutait Bruno Venanzi le jour de son intronisation.
Le langage du président du Standard était tout différent au soir du 27 août 2015, dans la foulée de la triste élimination en Europa League contre Molde. « Daniel va nous aider à professionnaliser la structure du club, il officiera en tant qu’expert footballistique et aura une présence dans le conseil d’administration. »
Renard « libéré »
Même si la confirmation officielle intervenait seulement le 8 octobre, « Big Dan » endossait le costume de dirigeant à l’occasion d’un vote au sein du Conseil d’Administration le 23 septembre (juste avant un match de Coupe de Belgique à Coxyde), obtenant définitivement une place au CA.
Très présent à l’Académie, le courant ne passait pas toujours très bien auprès des joueurs qui le surnommaient… « l’Allemand », en lui reprochant une certaine froideur et un manque de flexibilité.
En sa qualité d’administrateur, il était hiérarchiquement le supérieur d’Oliver Renard, revenu au club dans le courant de la saison passée. La fin prématurée de son mandat doit, normalement, mettre un terme à la cacophonie en matière de décisions sportives et permettre à l’ancien gardien de retrouver une liberté d’action semblable à son époque malinoise.
Il avait poussé pour recruter Raman, Mbenza et Dompé
Si, pour le grand public, Daniel Van Buyten paraît indissociable de son agent historique Christophe Henrotay, tous les transferts estampillés Henrotay ne portent pas automatiquement la marque de « Big Dan », à commencer par les arrivées de Matthieu Dossevi et Sambou Yatabare le dernier jour du mercato estival 2015. On ne peut ignorer l’amitié qui unit Bruno Venanzi à Christophe Henrotay, bien antérieure aux premiers pas de Van Buyten à Charleroi.
Ses influences ont été multiples au Standard, à commencer sur la composition du staff technique. Il a donné son avis au sujet de Slavo Muslin et n’a pas été un des plus chauds partisans de Yannick Ferrera (même s il s’est défendu d’avoir poussé à son C4). Plus qu’Olivier Renard, il a poussé vers la solution Jankovic pour remplacer Ferrera… après avoir participé à des pourparlers avec Mircea Rednic. Les adjoints de Yannick Ferrera (Vande Walle, Verjans et Roex… même si ce dernier a été remercié) portent également sa marque.
Quid du TP Mazembe ?
En tant que conseiller sportif, il devait également aider le Standard à ouvrir certaines portes. Cela a conduit notamment à la présence en tests des préretraités Stefan Maierhofer et Cacau et de nombreux joueurs plus anonymes, sans nécessairement en avertir certains entraîneurs à l’Académie.
Au niveau du noyau A, même si on lui a attribué la paternité du transfert de Victor Valdes (un coup de prestige présidentiel), il a surtout appuyé les arrivées de Jean-Luc Dompé, Isaac Mbenza et Benito Raman. Ce n’est pas un hasard si, dans sa dernière interview en tant que conseiller sportif, l’ancien Diable rouge a fustigé la facilité avec laquelle le Standard s’est débarrassé des deux premiers. Il a initié le partenariat avec le club congolais du TP Mazembe en décembre 2015 qui est à la base de la venue de trois Congolais (seul Bolingi est déjà en Belgique) le dernier jour du mercato hivernal (après avoir manqué Samatta l’hiver précédent). On peut aussi lui attribuer le Malien Djenepo. Il est trop tôt pour connaître l’influence du départ de Van Buyten sur la poursuite du partenariat.
Au niveau de l’Académie, Van Buyten s’est défendu d’avoir poussé Christophe Dessy hors du Standard. Il disait vouloir la relancer après les nombreux départs mais cela n’a pas empêché les critiques sur la manière dont certains jeunes étaient mis en avant. Van Buyten était un grand fan du petit Dinsifwa, venu en stage cet hiver en Espagne.
Accessoirement, Daniel Van Buyten est aussi à la base du choix de Carlo et Fils comme costumier officiel du club.
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Commentaires
Commentaires
Dans l’esprit des supporters DVB une icône à l’instar de Gerets et VanMoer.. qu’est-ce qu’il ne faut pas lire. C’est une insulte pour ces véritables icônes.
Tout à fait, Van Moer, Daniel n’a fait que passer …… chez nous du moins
Et pour le reste. Transfert intra groupe vers Marseille puis reserve de luxe au Bayern. Bon on ne peut pas lui reprocher d’avoir été sérieux même quand il était sur le banc ce qui convenait très bien au Bayern qui avait besoin de ce genre de joueur un peu juste pour être titulaire mais bon remplaçant.
Ceci dit, Van Moer, ne mettons pas en doute ses qualités de joueur. Il fut l’un de nos meilleurs elements sur le terrain en équipe nationale, et a souvent et plus qu’à son tour subit les foudres de la presse Flamande. Mais être joueur et être manager ou quelque chose dans le genre, c’est toute autre chose !