Le noyau du Standard est passé de 33 à 29 joueurs. Mercato après mercato, le club tente de réduire sa masse salariale et de construire une équipe stable sur la base de joueurs ayant l’ADN du club. D’où un recours massif aux prêts.
Quand Bruno Venanzi a repris le Standard qui accusait une perte record de 6,6 millions, la santé financière de celui-ci n’était plus aussi florissante que lorsque Roland Duchâtelet s’était emparé du matricule 16. A l’inverse de la période Robert Louis-Dreyfus (1998-2011) – cela a légèrement changé après son décès – il a retiré des dividendes de sa propriété (20 millions). Qui plus est, en accord avec son successeur, 10 millions des fonds propres ont servi à diminuer le prix de vente d’un club dont la masse salariale était passée de 17 à 25 millions en quatre ans. Et cela en composant un portefeuille de joueurs certes pléthorique mais de moins bonne qualité qu’au moment du rachat en 2011.
Pourtant, dans un club, la politique sportive est notamment dictée par la puissance financière de celui-ci. La première tâche de Bruno Venanzi a donc été de réduire le train de vie du Standard pour arriver au plus vite à l’équilibre et commencer à construire sportivement sur des bases saines. Un plan de bataille qui a été contrarié la première année par le manque à gagner de la non-participation aux groupes de l’Europa League (2,4 millions à l’époque) et de l’absence aux playoffs 1. Le succès en Coupe de Belgique a toutefois permis d’assurer 2,6 millions pour la présence du club liégeoise sur la scène européenne. Mais le budget de l’exercice actuel tablait aussi sur une présence dans le Top 6. Et cela est sérieusement compromis. Néanmoins, le départ de Batshuayi à Chelsea a permis au club de retrouver un peu d’argent lui permettant de refuser ce mardi une offre brugeoise de 5 millions pour Dossevi alors que Belfodil, lui, n’était pas intéressé par Swansea qui avait mis sur la table 8 millions plus bonus.
Dans ces conditions, il faut faire preuve d’imagination pour constituer un noyau longtemps plombé par la quantité d’acquisitions réalisées sous la direction précédente. Il a donc fallu trouver l’équilibre entre le dégrossissement du groupe et son amélioration sportive. Mais la réussite d’un transfert dépend de tellement de paramètres que la politique du prêt est une voie choisie par la direction actuelle pour s’assurer du bien-fondé de ses choix. Sur les 37 joueurs ayant rejoint Sclessin lors de quatre derniers mercatos, 18 ont été prêtés. Mais seulement deux ont été acquis définitivement : Dossevi et Miya si on fait abstraction du cas particulier de Laifis loué deux ans. Ce recours au prêt est un choix assumé de la nouvelle direction qui veut s’assurer que des joueurs qu’elle n’a pas eu l’occasion de suivre régulièrement, comme ce fut le cas pour Marin, possèdent bien l’ADN du club.
Toutefois, le Standard va encore traîner pendant quelques mois sa pléthore de joueurs. Cet hiver, il a certes donné son bon de sortie à 16 éléments. Cela peut sembler beaucoup mais c’est loin du record de l’été 2015 quand 33 joueurs avaient quitté Sclessin dont 9 en prêt, 9 autres par une rupture de contrat à l’amiable ou non, et 4 en fin de bail. Dans le sens inverse, il a engagé 9 éléments, certains pour être immédiatement opérationnels, et d’autres pour préparer l’avenir comme Ndongala (encore indisponible pendant quelques semaines) et les joueurs africains arrivés en prêt mais qui ne seront là que dans quelques semaines. Des transactions qui mettent officiellement un noyau de 29 éléments à la disposition d’Aleksandar Jankovic puisque les frères Mmaee ne s’entraînent plus avec l’équipe première. Bref, par rapport à la situation du premier septembre, le puzzle n’a pas beaucoup avancé d’autant que cet été, ce n’est pas moins de 9 joueurs qui vont revenir de prêt puisque Okita, passé à l’Union, est en fin de contrat.
Bien entendu, avec ces arrivées, certains s’interrogent sur la place réservée aux jeunes de l’Académie. Trois viennent d’intégrer le noyau A depuis le stage : Deom, Bah et Bodart ont rejoint Lavallée. Mais force est de reconnaître que depuis le départ des Vanheusden, Verlinden et autre Bongiovanni, le centre de formation principautaire ne compte plus beaucoup de pépites susceptibles de rêver d’enfiler le maillot du Standard. Et c’est évidemment un des axes que la direction entend développer pour contrer la vue à court terme des joueurs et de leurs agents.
D’Onofrio a mis dix ans pour bâtir son succès
Quand Lucien D’Onofrio a repris le Standard avec l’aide de Robert Louis-Dreyfus, le club, à l’image de ce qui se passe actuellement, ne roulait pas sur l’or. Au contraire, il était plutôt question de trous à combler. Sa politique a alors été de permettre au matricule 16 de vivre de ses propres deniers en améliorant progressivement l’équipe. De la formation qui ramènera le titre après 25 ans de disette en 2008, seuls Dante et Mbokani étaient arrivés douze mois plus tôt. L’ossature (Espinoza, Marcos, Fellaini, Defour, Witsel et Jovanovic) était déjà là depuis 2006 aux côtés des plus anciens Onyewu et Sarr. Le résultat d’une construction lente et patiente qui allait se révéler prolifique en résultats et en retombées financières.
Avec le transfert de Fellaini et la participation à la Ligue des Champions, le club s’est constitué un trésor de guerre qu’il n’a pas dilapidé même si le club a fait 67 transferts sur les cinq dernières années du duo D’Onofrio-François dont la moitié n’a pas disputé 14 matches toutes compétitions confondues. Preuve que l’achat et la vente de joueurs ne sont pas des sciences exactes. Mais l’homme avait l’avantage qu’il pouvait attirer plus facilement des joueurs qui, conscients de ses relations, savaient qu’ils pourraient quelques mois plus tard viser plus haut.
Duchâtelet avait de l’argent, mais il n’a rien gagné
Roland Duchâtelet a été le propriétaire du Standard durant quatre ans. Et il n’a rien gagné au cours de la période la plus riche du club, financièrement parlant. En effet, il rachète un matricule 16 avec 34 millions de fonds propres. Et dès son arrivée, les ventes de Witsel, Defour, Mangala, Carcela et autre Benteke lui rapportent plus de 26 millions. Mais si l’argent est là, il faut reconstruire une équipe.
De 2011 à 2015, il va transférer 60 joueurs dont seulement 11 en prêts. En grevant le budget du Standard car dans le même temps il met sur pied une galaxie de clubs notamment alimentée par les joueurs de Sclessin à l’image d’un Tony Watt acheté 1,5 million en 2014 et parti gratuitement à Charlton six mois plus tard. Parmi ces 60 éléments, seuls 5 ont rapporté gros: Vainqueur, Mpoku, Trebel, Knockaert et Santini puisque Batshuayi était un produit de l’Académie. Mais pas de quoi compenser les dépenses car 25% de ses joueurs transférés en quatre ans ont coûté plus de 800.000 euros (Buyens, Ono, Nagai, Ajdarevic, Bulot, Thuram, Scholz, Watt, Milec, Louis, Santini, Biton, Tavares ou Tucudean).
Cette politique d’achats a débouché sur un excès de joueurs sous contrats (plus de 50 après le mercato estival de 2014) et sur l’explosion de la masse salariale car, dans le même temps, pour répondre à la vindicte populaire, il a offert des augmentations salariales pour conserver certains cadres. Quand il a revendu le club, elle avait dépassé les 25 millions. Soit le double de ce qu’elle était quand le Standard avait retrouvé le titre sept ans plus tôt.
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