Avant d’affronter coup sur coup l’Ajax et Anderlecht, Sport/Foot Mag a décrypté les coulisses du club de Sclessin et les méthodes de son nouveau coach.
A l’annonce du licenciement de Yannick Ferrera, on a pu être surpris par le timing mais pas par la sanction. L’intéressé, lui-même, savait son sort scellé depuis longtemps. » Quitte à passer à la trappe, je préfère mourir avec mes idées « , nous avait-il glissé fin août. Et Ferrera n’aura jamais changé son fusil d’épaule alors qu’il vivait avec les regards inquisiteurs de Renard et de Van Buyten depuis des mois. « Même la victoire en Coupe n’a pas été fêtée par le club à sa juste valeur « , raconte un proche. Une situation devenue intenable d’autant que Ferrera était de plus en plus isolé. Ses clashes avec plusieurs joueurs du noyau ont été nombreux, trop nombreux, pour poursuivre sereinement. » Il attend tellement de ses joueurs qu’il ne peut qu’être déçu « . Ferrera ne s’est jamais vu imposer un joueur mais on l’encourageait par exemple à donner des minutes de jeu en PO2 au jeune Jerôme Deom venu en droite ligne des U17. Pas non plus d’ultimatum sur la tête mais un climat négatif qu’il a lui-même aggravé en mettant de côté ses nouveaux assistants, le préparateur physique Erik Roex, qui succéda à Carlos Rodriguez, licencié en juin et dont les rapports étaient devenus conflictuels avec le docteur Jean Vervier, proche de Bruno Venanzi. Le nouveau coach des gardiens, Philippe Vande Walle, qui n’hésitait pas à afficher sa frustration, était lui aussi totalement ignoré. Roex et Vande Walle, deux choix de Daniel Van Buyten. » C’était devenu le bal des faux-culs » , raconte un proche du noyau. Alors que Ferrera avait de moins en moins de soutien » Parfois, Yannick nous analysait tellement le jeu de l’adversaire qu’on avait l’impression de jouer le Real toutes les semaines. On finissait par ne plus croire en nos moyens « , nous a raconté un joueur.
L’arrivée d’Aleksandar Jankovic a totalement changé la donne. L’entraîneur serbe tient le discours suivant à ses 33 joueurs : tout le monde doit se sentir concerné. Afin de mettre la pression sur le groupe, Jankovic n’hésite pas à mettre Adrien Trebel dans l’équipe des réservistes avant le match face au Celta Vilgo, alors que la chance est inexistante que le capitaine soit écarté. Jankovic impressionne les joueurs par force de persuasion, par son discours et n’hésite pas à taper du poing sur la table. Le jeune Ryan Mmae en a fait les frais après sa prestation catastrophique à Lokeren. Peu de temps après, Jankovic a décidé d’exclure les frères Mmae pour deux semaines pour manque d’implication. Dans ce nouveau Standard, Alexander Scholz, du haut de ses 23 ans, s’impose de plus en plus comme le patron du vestiaire, et n’hésite pas à fustiger le comportement de certains jeunes. Autre patron indiscutable, Eyong Enoh, que Ferrera jugeait trop court techniquement, devenu titulaire indiscutable au grand dam d’Ibrahima Cissé à qui on avait promis pourtant le départ très probable de l’international camerounais.
Ignoré par Ferrera, Philippe Vande Walle prend lui aussi de plus en plus de place dans le noyau et donne de la voix. Dernière nouveauté, la présence de Thierry Verjans, intronisé adjoint du coach serbe, et qui partage son temps entre l’Académie et le noyau pro. Un rythme effréné difficilement tenable à long terme. Mais Verjans, sans voir l’air d’y toucher, voit son pouvoir au sein du club grandir, d’autant qu’il est continuellement en contact avec Daniel Van Buyten et très écouté par ce dernier. Et dans ce nouveau Standard, il vaut mieux être dans les bons papiers de Big Dan pour espérer durer.
Par Thomas Bricmont
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