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Standard : dans le rouche

Le Standard entre dans le money time de sa saison partagé entre l’espoir de jours meilleurs et incohérences structurelles. Plongée dans les méandres de Sclessin.

Il est un peu plus d’une heure du matin, dans la nuit de mardi à mercredi, quand le car du Standard arrive à l’Académie. Près de trois heures plus tôt, les hommes de Ricardo Sa Pinto encaissaient un nouvel uppercut et une 8e défaite en championnat en 23 journées. L’arbitrage est, cette fois encore, au centre de toutes les discussions. Dans les couloirs du Gaverbeek, l’ambiance est houleuse, voire explosive.

Des provocations, ou prétendument jugées comme telles, du corps arbitral enveniment les échanges. Ricardo Sa Pinto doit même calmer ses joueurs. Et pourtant, une demi-heure plus tôt, le coach portugais est arrêté dans son élan par Paul-José Mpoku et Sébastien Pocognoli alors qu’il s’apprête à tancer Lawrence Visser, dont la responsabilité est engagée sur plusieurs phases.

Le trajet entre Waregem et le Sart-Tilman, où les Standardmen vont passer la nuit, ne résout rien. La déception du bouillant Portugais ne désemplit pas. Plusieurs bouteilles d’eau feront même les frais de ses excès de colère. Le lendemain matin à l’entraînement, Sa Pinto est quasiment muet. Son visage est encore plus marqué qu’à l’habitude. La défaite à Waregem est cruelle et, surtout, éjecte le Standard du top six.

Dans cinq jours, le Clasico entre deux entités malades peut quasiment condamner les Liégeois à vivre une troisième saison dans le purgatoire des play-offs 2. Autant dire que la tension est à son comble et l’optimisme en baisse suite aux suspensions de Uche Agbo et Edmilson, tandis que Razvan Marin est sorti blessé, et que les renforts promis se font cruellement attendre.

Uros Spajic prend le meilleur sur Orlando Sa. Albert Sambi Lokonga, Josué Sa et Christian Luyindama sont les témoins de la scène.

Uros Spajic prend le meilleur sur Orlando Sa. Albert Sambi Lokonga, Josué Sa et Christian Luyindama sont les témoins de la scène. © belgaimage

Un groupe derrière son coach

Dimanche soir, au coup de sifflet final de Sébastien Delferière, le public de Sclessin est déçu mais applaudit les siens. Le Standard sort vainqueur au point de son duel avec Anderlecht mais n’ajoute qu’une unité à son maigre total en championnat (30 sur 72). Si, lors du stage de Marbella, le comportement du coach portugais en avait agacé plus d’un dans les rangs liégeois suite à son renvoi en tribune lors du match amical face à Düsseldorf, le caractère affiché dimanche soir démontre que les joueurs n’ont pas lâché leur coach.

Quelques semaines plus tôt, Paul-José Mpoku, capitaine face aux Mauves, nous confiait d’ailleurs être derrière un coach de plus en plus critiqué.  » Sa Pinto, c’est quelqu’un qui protège ses joueurs, il peut se mettre à dos les médias, le monde extérieur pour protéger les siens. Il va tout faire pour ses joueurs. C’est quelqu’un d’entier. Et nous aussi, on est derrière lui, des titulaires aux réservistes. Que ce soit tactiquement, sa façon de voir, de transmettre ses idées, ses préparations de match, tout est méticuleux.  »

L’homme met du coeur à l’ouvrage. Personne, même ses détracteurs au sein du club, ne vous dira le contraire. Ricardo Sa Pinto vit pour son métier, voire même un peu trop. Sa passion excessive a régulièrement produit un effet contraire à celui désiré. À Waregem, par exemple, sa nervosité extrême, ses nombreux gestes de désarroi, les mains posées sur son visage, semblent paralyser ses joueurs, au lieu de les électriser.

Depuis le début de saison, le onze liégeois ne semble jamais serein, incapable de poser son jeu. Il est d’ailleurs difficile de pointer des lignes directrices claires dans le jeu du Standard. Durant la préparation estivale, Sa Pinto avait régulièrement travaillé le pressing, un style de jeu qui devait correspondre aux fondamentaux d’un club et d’un coach, réputé habile ballon au pied quand il était joueur mais aussi infatigable arracheur de ballons.

Cette volonté de jouer haut expliquait notamment la titularisation de Merveille Bokadi au détriment de Marin en début de saison. Le milieu de terrain congolais était considéré de par ses courses et ses interceptions comme un élément-clé du système. Sauf que les effets n’ont été que trop rares. Durant le stage hivernal, les Rouches ont enfin bossé le foncier. Un travail sans ballon qui doit porter ses fruits durant le deuxième tour. Mais le temps presse plus que jamais.

Des situations ubuesques

Après la défaite à Waregem, la rumeur du licenciement du coach portugais s’est accentuée alors que la presse quotidienne s’est montrée, à juste titre, très critique envers le comportement du coach portugais. Plusieurs agents proches de la direction ont avancé leurs pions et proposé des pistes pour succéder à Sa Pinto. Début octobre, avant que le Standard ne remonte la pente, la direction liégeoise avait d’ailleurs relancé la piste Sabri Lamouchi (aujourd’hui à Rennes).

Si les agissements du coach portugais ont rapidement excédé la direction liégeoise, représentée par Bruno Venanzi et Olivier Renard, les solutions pour sortir d’une impasse bien trop longue, sont limitées. Remplacer Sa Pinto mais par qui ? Et, surtout, comment se défaire d’un coach alors que le Standard entre en plein dans son money time et peut toujours sauver sa saison grâce à un accessit aux PO1 et à une finale Coupe de Belgique ?

L’an dernier, à pareille époque, le Standard sortait d’un mercato particulièrement destructeur. Le passage en force d’ Adrien Trebel vers Anderlecht et le non-transfert d’ Ishak Belfodil avaient laissé des traces indélébiles qui allaient saloper le reste de la saison, d’autant qu’ Aleksandar Jankovic n’avait quasiment aucune autorité sur un groupe peu concerné. Le licenciement de Daniel Van Buyten, qui s’est auto-exclu suite à une sortie médiatique très peu corporate, symbolisait la cacophonie ambiante qui régnait à Sclessin.

Quelques mois plus tard, dans nos colonnes, Bruno Venanzi expliquait avoir retenu la leçon de ses erreurs. L’organigramme allait enfin être mieux défini. Le jeune président des Rouches disait vouloir profiter de la rivalité entre son directeur sportif, Olivier Renard, et son  » bras droit  » Daniel Van Buyten. Sauf que cette rivalité avait mené à des situations ubuesques, chacun voulant défendre son pré-carré et mettre en avant ses compétences.

Exemple du ridicule alors en vigueur : quand Renard proposait un élément du club israélien du Petah Tikva sur leur groupe Whatsapp, Van Buyten prétendait dans la foulée, lui aussi être sur le joueur … Petah Tikva.

Une guerre des ego

Douze mois plus tard, la situation n’est sportivement pas plus rose. Mais comment oser parler de stabilité si le Standard venait à consommer un quatrième coach en un peu plus d’un an ? Ces dernières semaines, Venanzi préfère d’ailleurs se murer dans le silence. Si aujourd’hui, les tâches semblent mieux définies du côté de Sclessin, où l’influence de l’agent Christophe Henrotay disparaît de plus en plus (Christian Luyindama s’apprête d’ailleurs à le quitter), des choix étonnants ont perduré.

La saison dernière, le renvoi de Jankovic allait entraîner celui de ses adjoints, Thierry Verjans et Philippe Vande Walle, qui ont pourtant été recyclés à l’Académie. Vu sa longue expérience auprès des jeunes, Verjans a même été nommé coordinateur de la jeunesse rouche, une fonction qu’il aurait dû partager avec José Jeunechamps, censé reprendre la tête de l’équipe espoir après avoir succédé à Jankovic en fin de saison dernière.

Mais vu les rapports compliqués – c’est un euphémisme – entre les deux hommes, Jeunechamps a préféré remettre son tablier avant de retrouver de l’embauche au Cercle Bruges. Deux hommes pour une même fonction, ça rappelait les frictions entre Renard et Van Buyten.

En interne, l’actuel directeur sportif du Standard s’était régulièrement plaint de la mentalité défaillante qui régnait l’an dernier : un vestiaire de lâches symbolisé par le duo français Trebel- Dossevi. Le récent clash entre l’actuel milieu de terrain anderlechtois et Renard n’a fait que remonter les tensions entre le directeur sportif et une partie du groupe.

 » Je ne dis pas que je veux des bagarres tous les jours dans le vestiaire, je ne veux pas un groupe de boxeurs, mais si je vois un jour que ça s’échauffe, je ferme la porte et je m’en vais « , expliquait d’ailleurs Renard l’an dernier. La nomination en début de saison de Benjamin Nicaise en tant que team manager allait en ce sens. L’ex-milieu de terrain français devait apporter une dose de sévérité et être le relais entre le groupe des joueurs et la direction, une façon aussi pour Renard de se protéger et de se dédouaner de certaines responsabilités.

Amené par le directeur opérationnel, Alexandre Grosjean, Nicaise a pourtant connu une entrée en fonction pour le moins délicate. Son excès de zèle l’a rapidement opposé à plusieurs joueurs du vestiaire mais surtout, Nicaise s’est rapidement heurté au caractère explosif de l’entraîneur portugais. Ces deux ego pouvaient difficilement cohabiter. Nicaise a eu l’intelligence de faire un pas de côté. L’accrochage violent de décembre avec Luis Pedro Cavanda, qui a valu à l’arrière latéral une suspension d’un match par mesure disciplinaire, fut la goutte de trop. Benjamin Nicaise ne s’est d’ailleurs pas occupé de la préparation du stage et n’était pas du voyage en Espagne.

Après Gojkot Cimirot, prometteur devant Anderlecht, Olivier Renard va-t-il encore jeter son dévolu sur d'autres joueurs en cette fin de mercato ? On sera fixé définitivement demain.

Après Gojkot Cimirot, prometteur devant Anderlecht, Olivier Renard va-t-il encore jeter son dévolu sur d’autres joueurs en cette fin de mercato ? On sera fixé définitivement demain. © belgaimage

Ménager la chèvre et le chou

 » Que ce soit le Président ou Olivier Renard, ils ont compris qu’il ne fallait pas ramener des joueurs gentils au Standard « , expliquait Mpoku. Alors que l’an dernier, le groupe semblait apathique et sans réaction face aux événements, l’arrivée de Sa Pinto devait changer les mentalités, ramener cette fameuse grinta, ressortie à tort et à travers.

Rappelons toutefois que l’arrivée du Portugais ne fut dictée que par les refus de plusieurs coaches et par l’urgence de la situation. Dans une saison cruciale pour l’actuelle direction, la nomination de l’emblématique joueur du Sporting Portugal n’était qu’un choix par défaut. Une preuve de la perte de la force de frappe du Standard. Sa Pinto a d’ailleurs été frappé par le changement d’époque : le Standard actuel ne faisait plus peur en haut lieu et n’était plus respecté comme à l’époque de Lucien D’Onofrio, expliquait-il.

Bruno Venanzi avait la volonté de ramener des éléments étiquetés  » Standard « , des joueurs qui comprenaient ce que ce club représentait pour sa base. D’où les arrivées de Paul-José Mpoku et Sébastien Pocognoli négociées par le président en personne, lui qui s’était déjà immiscé, du temps où il était vice-président, dans le transfert d’ Alexander Scholz, afin de faire la nique à Anderlecht, avec un plantureux salaire à la clef, ou celui plus tard de Renaud Emond. Poco et Polo ont rapidement été considérés comme les hommes du président. Le premier a d’ailleurs une clause dans son contrat qui lui garantit une place dans le club après sa carrière alors que le second est en contact régulier avec l’ex-patron de Lampiris. Si Van Buyten s’est longtemps opposé à la venue de Pocognoli, Renard n’a jamais considéré ces deux venues comme des priorités. Pas question pour autant de rentrer en confrontation avec son supérieur. L’actuel directeur sportif tente de ménager la chèvre et le chou avec un peu tout le monde : agents, joueurs, dirigeants.

 » Il évite de prendre des responsabilités, ça lui évite de porter le chapeau en cas d’échec « , raconte un agent qui a l’habitude de traiter avec Renard. D’autres, au sein du club, sont beaucoup moins discrets et n’hésitent pas à flinguer l’entraîneur en place, que ce soit en interne ou auprès des médias. Sans réussir jusqu’ici à avoir sa tête. La belle performance face à Anderlecht est-elle annonciatrice de jours meilleurs à Sclessin ? Dans six journées de championnat et deux matches de Coupe, on devrait enfin y voir plus clair.

Standard : dans le rouche

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Un mercato au lance-pierres

Le Standard et Anderlecht ont un point commun : des caisses quasi vides et l’interdiction de délier les cordons de la bourse durant ce mercato hivernal. Si Ricardo Sa Pinto espérait plusieurs renforts, le club lui a fait part, avant le départ en stage, qu’il devrait se satisfaire du noyau actuel, renforcé d’un ou deux joueurs. Le départ annoncé d’ Alexander Scholz a quelque peu modifié les débats mais par rapport aux deux saisons précédentes, le mercato liégeois du début d’année n’est pas venu tout chambouler.

L’an dernier, à pareille époque, le maintien d’ Ishak Belfodil dans l’effectif aura coûté très cher au club. D’une part, le Standard est passé à côté d’un joli pactole, et a dû payer en échange une contrepartie très importante à l’international algérien qui, en fin de mercato, tenait responsable la direction liégeoise de ce transfert avorté.

Aujourd’hui, le Standard peut se féliciter du transfert de l’international bosnien, Gojkot Cimirot, dont la première face à Anderlecht est jugée prometteuse. Le club principautaire a dû débourser environ 2,5 millions d’euros au PAOK Salonique alors que le joueur était pisté depuis l’été dernier.

Le Standard n’a pas les reins assez solides actuellement pour se renforcer en profondeur et procède en fonction des opportunités du marché mais sans réelles lignes directrices derrière. Durant ce mercato, on a évoqué la venue d’un 6, d’un 8, d’un soutien d’attaque, alors qu’un défenseur central était attendu en cas de départ de Scholz. Si le coach en espérait davantage, on n’a pas assisté à l’habituelle saignée hivernale du côté de Sclessin.

 

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2 thoughts on “Standard : dans le rouche

  1. Effectivement, Ardèchois ! Je fais le meme constat ! Beaucoup de choses écrites ici pour ne pas dire grand chose, on savait tout ça, indirectement. A se demander pourquoi on sort un truc comme ça MAINTENANT, alors que l’équipe semble aller mieux !

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