La victoire à Ostende semble avoir rassuré pas mal de monde même si la route qui mène là où le Standard devrait être est encore longue. Explications.
Crise. Ce mot est balancé à tort et à travers quand ça va moins bien alors que quelques semaines plus tard, ces mêmes observateurs sont capables de s’extasier sur une performance lambda. Le monde du foot n’est pas près de changer ses mauvaises habitudes. Le Standard l’a encore constaté. Avant le déplacement victorieux de dimanche à Ostende, la situation était évidemment morose. L’humiliation subie en Coupe après le double échec à Séville et Anderlecht obligeait Michel Preud’homme et son groupe à une première véritable remise en question. Car du côté des supporters, et malgré l’auréole qui trône au-dessus de la tête de MPH depuis le sacre de 2008, on commençait sérieusement à la trouver saumâtre : 3 succès en 13 matches (toutes compétitions confondues) depuis le début de saison, le contraste est saisissant avec les play-offs 1 de l’an dernier où le Standard survolait, d’un point de vue comptable, la concurrence.
De la rigueur mais peu de créativité
Est-ce que ce Standard new look revit depuis le succès à la mer où Moussa Djenepo a prolongé son excellente forme des dernières semaines ? Peut-être, même s’il est toujours en période de gestation. Preud’homme en est d’ailleurs parfaitement conscient, lui qui analysait froidement, en conférence de presse, la prestation de ses ouailles dont il a souligné le sérieux, la rigueur et pour une fois l’efficacité.
Car cette fois, Djenepo est venu débloquer le score à la 24e minute sur leur première véritable occasion. Preud’homme a aussi démonté qu’il n’était pas inflexible à ses principes. Pour la première fois de la saison, Mehdi Carcela a évolué dans un rôle libre, une sorte de 9 et demi, sans trop de consignes défensives, qui a ennuyé, à plusieurs reprises, la défense un peu pataude d’Ostende.
Sous Ricardo Sa Pinto, Carcela n’en faisait qu’à sa tête. Et le faisait très bien. Il jouissait alors d’une grande liberté d’action, sur son flanc droit. Désormais, le système du duo Emilio Ferrera-Preud’homme est bien plus rigoureux et laisse moins de place à la créativité. Des méthodes qui contrastent avec l’an dernier, dont on devine les contours mais qui tardent à se montrer concluantes. Face à Charleroi ou contre le Cercle, le milieu de terrain du Standard était souvent engorgé, avec des joueurs qui piquent continuellement vers l’intérieur et des latéraux qui n’apportent pas un danger suffisant.
Depuis le début de saison, Ferrera impose de longues séances tactiques quasi quotidiennes. Il quadrille le terrain de bout en bout, les séances sont méticuleuses, et souvent contraignantes mentalement. Ce travail en semaine laisse très peu de place à la créativité et à l’amusement.
Une drôle de com’
Emilio Ferrera est réputé depuis de nombreuses années pour être empli de certitudes et son arrivée au Standard ne l’a pas changé. Le Bruxellois, dont l’influence est grandissante, affiche aussi son impatience à l’entraînement quand ça ne tourne pas comme il en a envie. Et ses coups de sang ne semblent pas du tout avoir l’effet escompté. Quant à MPH, il n’a pas changé non plus, même s’il est beaucoup moins présent aux entraînements que lors de son premier passage. Les résultats décevants des dernières semaines l’ont passablement irrité.
On peut légitiment se demander comment son prédécesseur, Sa Pinto, aurait été jugé par l’opinion publique s’il avait rejoint son vestiaire avant la fin du match ou avait sorti, en conférence de presse, une vidéo du grand nombre d’occasions de buts face aux amateurs de Knokke ? Reste qu’il sera très difficile de faire pire, en terme de communication, que l’épisode du jet de bière à Anderlecht. Enfin, malgré des résultats qui sont loin d’être folichons, Preud’homme continue à jouir d’un soutien médiatique quasi unanime.
Qualité, vestiaire, et état physique
Après la défaite à Anderlecht, MPH a fait passer un message très clair concernant la qualité insuffisante du noyau. Si l’ensemble paraît moins fort que le noyau de Bruges ou compte peut-être moins d’individualités que celui de Genk, le groupe n’a rien perdu en terme de qualité – hormis le départ, certes important, de Junior Edmilson – et s’est considérablement étoffé. Même si avec Paul-José Mpoku, Orlando Sa, Renaud Emond, Carcela, ça manque cruellement de profondeur devant, Djenepo étant l’exception qui confirme la règle d’autant que Maxime Lestienne doit repasser par l’infirmerie.
Autre questionnement de ce début de saison : Preud’homme doit-il faire face à un vestiaire difficile ? S’il l’a quelquefois sous-entendu, le groupe a prouvé la saison dernière, et à maintes reprises, sa solidité et son excellent état d’esprit. S’il compte quelques joueurs de caractère ou certains qu’il faut parfois remuer, le vestiaire n’est plus perturbé par des pommes pourries du type Adrien Trebel.
Quant à l’état physique général des troupes, il devrait monter en puissance au fil de la saison, car on a rarement bossé autant à l’Académie. Les nombreux bobos qui en découlent sont plus inquiétants. Lors de sa dernière saison à Bruges, qu’il avait terminé derrière Anderlecht, Preud’homme avait dû s’adapter à ces nombreuses blessures.
S’il sera très difficile pour le Standard de faire aussi bien au niveau du bilan comptable que l’an dernier, on est toutefois en droit d’attendre davantage du Standard 2018/2019. À tête reposée, MPH sait que le temps devrait faire son oeuvre. Même s’il est difficile de garder la tête froide quand son équipe encaisse autant de buts sur des erreurs individuelles, alors que chaque phase défensive ou presque avait été préparée en semaine pour éviter ce type de désillusions. Le sérieux affiché à Ostende sur l’ensemble de la rencontre n’a pas encore redonné totalement le sourire à Preud’homme mais l’a toutefois rassuré. C’est déjà beaucoup.
Encore un article intéressant de FootMag après la « route du jeu » et pas très rassurant.
Un Ferrera qui s’enferre dans ses certitudes et un MPH moins présent à l’entrainement. Normal pour un manager à l’anglaise mais lorsque ça tourne comme il l’avais dit lui-même.