La présence de Mémé Tchité, vendredi à Sclessin, à l’occasion d’un Standard – Lierse qui clôturait la saison catastrophique du club liégeois, aurait dû être anecdotique. « C’est Ludovic Depretter, le responsable des kinés, qui m’avait réservé un billet d’entrée », raconte l’intéressé qui porta durant cinq saisons la vareuse du Standard, de 2003 à 2006 et de 2010 à 2012. « Mon but était triple : je voulais assister tranquillement au match, saluer d’anciens équipiers que je n’avais plus vus depuis un moment, comme Goreux, Legear et Cisse, mais aussi demander une petite faveur à mon ancien club. Laquelle ? Pouvoir participer à la campagne de préparation estivale à l’Académie, afin d’être au point physiquement lorsqu’un club se manifestera. »
Mémé Tchité a ainsi assisté à la première mi-temps en tribune 1, au milieu des supporters rouches. En toute décontraction… « J’ai été chaleureusement applaudi et j’ai posé pour de nombreuses photos », dit-il. « Tout le monde était content de me voir… » C’est après, à la mi-temps de la rencontre, que la situation a tourné à la confusion de l’attaquant de 33 ans, actif cette saison à Woluwe, en division 1 amateurs. « Deux supporters m’ont proposé de rejoindre la tribune 3, celle des Ultras, où une famille avec des enfants m’attendait pour prendre des photos. J’y ai donc été, sans imaginer un seul instant que les choses se passeraient comme ça. »
Rapidement, Tchité est interpellé par un « supporter », vite rejoint par d’autres, qui lui reproche ouvertement son passage à Anderlecht en… 2006-2007, il y a dix ans. Encerclé, le joueur né au Burundi est molesté, giflé et obligé de s’enfuir pour se mettre à l’abri. « J’ai fait remarquer à ce supporter qui s’en était le premier pris à moi que si j’avais porté le maillot anderlechtois, j’étais revenu au Standard, mais rien n’y a fait », raconte-t-il. « Je me suis alors réfugié non pas dans les toilettes comme cela a été dit, mais dans un petit couloir menant aux toilettes, avec celles des dames à droite et des hommes à gauche, où la police, heureusement présente, est vite intervenue pour faire barrage ».
Bloqué dans le couloir
C’est là, sous la protection des forces de l’ordre, que Mémé Tchité a vécu toute la deuxième mi-temps, sans voir une seule minute du match. Face à des Ultras menaçants, qui ne l’ont ménagé. « Et Tchité est une salope en mauve et blanc (sic) », ont-ils notamment entoné de manière très élégante, filmant évidemment la scène. « La police a préféré, par mesure de prudence, que je reste bloqué jusqu’à la fin de la rencontre dans le fond de ce couloir plutôt que de m’évacuer », confie-t-il. « Peut-être craignaient-ils des incidents plus graves… »
Après le match, l’ex-buteur du Standard a été rapatrié, sous escorte policière, en tribune 1. « Les policiers m’ont proposé de me raccompagner à ma voiture, mais j’ai préféré qu’ils m’amènent dans le vestiaire du Standard. J’ai alors pu saluer mes anciens équipiers, mais aussi Eric Deflandre et Philippe Vande Walle, à qui j’ai parlé de mon souhait de pouvoir participer à la campagne de préparation. Puis, j’ai accompagné plusieurs joueurs dans les loges, où j’ai fini la soirée ».
Une soirée dont Tchité se souviendra longtemps encore, même s’il avoue qu’il reviendra en bord de Meuse. « J’étais venu à Sclessin avec un état d’esprit positif », dit-il. « Ce n’était pas le cas de tout le monde. J’ai été en T3 pour faire plaisir. Sans regret, parce que je ne mets pas tous les supporters du Standard dans le même sac. Si cela s’est mal passé, c’est à cause de cinquante types qui étaient imbibés d’alcool, pour ne pas dire plus, et sans doute très déçus par la saison de leur équipe. Moi, j’étais lucide et c’est pour ça que j’avoue avoir pris peur. On ne sait jamais, dans un cas pareil, ce qui peut se passer. L’atmosphère de Sclessin m’avait manqué et ce ne sont pas cinquante abrutis qui vont réussir à m’en éloigner définitivement ».
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