Pour la première fois en dix ans, le Standard et Anderlecht ont négocié autour d’une table le passage d’un joueur d’un camp à l’autre. Le début d’une nouvelle ère marquée par le retour des relations entre les deux clubs.
Hormis le transfert de Gohi Bi Cyriac en 2012, lors duquel Anderlecht avait piégé le Standard sur une clause du contrat de l’Ivoirien, les récents transfuges étiquetés Standardmen à Anderlecht ne venaient pas en droite ligne du Standard. Que ce soient Milan Jovanovic, Dieumerci Mbokani, Steven Defour ou Imoh Ezekiel, tous ces transferts émotionnels qui avaient secoué les supporters rouches n’arrivaient pas de Liège. Jovanovic provenait de Liverpool, Mbokani de Monaco, Defour de Porto et Ezekiel d’Al Arabi.
Et c’est sur ce point-là que le transfert d’Adrien Trebel diffère complètement des dossiers précédents. Pour la première fois depuis le transfert de Meme Tchite en 2006, les deux directions ont traité ensemble le passage d’un élément important d’un camp à l’autre. Et on ne parle pas ici d’un Tibor Selymes, ni d’un joueur qui n’appartenait pas vraiment au RSCA comme l’était Dieumerci Mbokani, propriété de Mazembe, en 2007 ! Mais bien d’un joueur encore capitaine du Standard il y a un mois.
Là où certains supporters imaginent un scénario rêvé dans lequel les deux clubs n’auraient aucune relation et ne feraient aucune affaire l’un avec l’autre, comme c’est le cas dans certains pays (entre Liverpool et Manchester United notamment), la réalité rattrape souvent les deux formations. Le Standard et Anderlecht constituent deux pôles d’attraction dans un championnat qui n’en comptent pas beaucoup d’autres. Il est donc logique que les deux entités chassent sur le même terrain et soient intéressées par des joueurs adverses. Néanmoins, la rivalité ancestrale a souvent empêché les dirigeants des deux clubs de multiplier les échanges. Pas étonnant, dans ces conditions, que les négociations pour le transfert de Trebel soient restées secrètes. Les étaler sur la place publique aurait certainement exacerbé les passions.
Derrière cette politique, le Standard montre également sa volonté de se rapprocher des forces vives et de peser sur les décisions du football belge
Reste à souligner que les deux clubs ont travaillé main dans la main sur ce dossier-là (au point de faire paraître le même communiqué pour montrer qu’ils se trouvaient sur la même longueur d’onde) et à se demander ce qui les a poussés dans les bras l’un de l’autre et si cela augure une nouvelle ère entre les deux directions. Car, les relations sous l’ère D’Onofrio (qui, jusqu’au titre de 2008, nourrissait un complexe d’infériorité vis-à-vis d’Anderlecht et ne manquait jamais de déblatérer sur le rival de la capitale) et davantage encore sous la présidence Roland Duchâtelet, relevaient du glacial et ne semblaient pas promises à un réchauffement aussi rapide. «Les relations n’étaient pas toujours au beau fixe avec Monsieur Duchâtelet qui avait une vision totalement différente de la nôtre pour gérer un club de foot », reconnaît le directeur général du Sporting, Herman Van Holsbeeck. Du côté du Standard également, on désire montrer qu’il y a moyen de travailler sans se poignarder dans le dos.
Pourtant, dès son entrée en fonction, Bruno Venanzi, malgré un style plus ouvert, n’avait pas fait du rapprochement avec Anderlecht une priorité. Quant aux Mauves, ils ne semblaient pas disposés à accueillir le nouvel arrivant à bras ouverts. En novembre 2015, nous avions sollicité les deux directions pour une interview commune. Si Bruno Venanzi avait donné son accord, Anderlecht ne voyait pas ce qu’il pouvait en retirer et avait refusé.
En acceptant de négocier à la même table, les directions ont donc ouvert un nouveau chapitre et réchauffé des relations, jusquelà, quasiment inexistantes. «Bruno Venanzi est quelqu’un avec lequel il est possible de discuter », dit Van Holsbeeck. «Dans le cas d’un dossier sensible comme celui de Trebel, c’est important de pouvoir disposer d’une ligne directe avec le président car on sait tout de suite si le deal est réalisable ou pas. »
Le Standard revient de loin, lui qui était mis à l’index lors de la présidence Duchâtelet. Il en paie d’ailleurs toujours le prix. Si le courant entre Van Holsbeeck et Venanzi est toujours bien passé (ils se connaissaient avant la prise de pouvoir de l’ancien patron de Lampiris), c’était beaucoup plus compliqué avec Roger Vanden Stock, échaudé par la présidence Duchâtelet. «Les deux hommes ont dû s’apprivoiser », nous confirme une source proche des deux clubs. Si ce rapprochement est significatif, cela ne veut pas dire que la porte est ouverte à une collaboration plus poussée. Pas question de voir s’instaurer une relation du style de celle qu’entretient Charleroi avec Anderlecht ou Gand. Derrière cette politique, le Standard montre également sa volonté de se rapprocher des forces vives et de peser sur les décisions du football belge. Désormais, Gand, Bruges, Anderlecht et Charleroi sont les clubs les plus influents au sein de l’Union Belge. La volonté du Standard est de pouvoir s’immiscer au sein de ce groupe
Commentaires
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Faut pas pousser non plus ! Je dirais pour ma part que ce transfert arrangeait surtout bien les deux parties, et quand c'est le cas, tous les feux sont au vert !
Le Standard voulait se débarrasser de Trebel à bon prix, qui commençait à faire des vagues en coulisse et plus sur le terrain. Anderlecht avait besoin d'une solution de rechange à court terme pour DeDoncker et Tielemans, bien esseulés dans l'effectif Bruxellois, point barre.
Il ne faut rien y voir d'autre, mises à part de nouvelles spéculations douteuses de journalistes en mal d'articles à sensation.