Matthieu Dossevi va participer à sa première CAN, sous les couleurs du Togo, alors que, victime d’une blessure aux adducteurs, il n’a disputé que 131 minutes avec le Standard depuis le 20 octobre dernier.
Matthieu Dossevi est aux anges. Cette CAN, il l’attend depuis toujours. Ce lundi, il va disputer le tournoi pour la première fois de sa carrière. Des débuts en apothéose puisqu’il se mesurera d’entrée à la Côte d’Ivoire, tenante de titre. Mais du côté des fans du Standard, on grince des dents allant même jusqu’à mettre en doute la sincérité du joueur quant à la véracité de sa blessure aux adducteurs qui l’a tenu à l’écart des terrains durant plusieurs semaines… jusqu’à ce que se profile cette CAN.
La CAN 2017 bat son plein. Les premières rencontres ont eu lieu au Gabon. Ce lundi, ce sera au tour du Togo, et donc de Matthieu Dossevi, d’entrer en lice, face à la Côte d’Ivoire. L’ailier du Standard attend ce rendez-vous avec impatience. Il a toujours clamé haut et fort qu’il tenait à tout prix à disputer le tournoi. C’est d’ailleurs peut-être la raison de la naissance d’une grande polémique en bord de Meuse. Victime d’une blessure aux adducteurs, le joueur n’a plus disputé que des bribes de match depuis le… 20 octobre dernier. Il n’en fallait pas plus pour y voir une traîtrise, une supercherie. Matthieu Dossevi aurait- il feint une blessure afin de s’assurer une participation à la CAN ? Ou aurait-il freiné son retour sur les terrains de peur d’une rechute juste avant le début du tournoi ? L’homme n’élude pas ces questions.
Il prend une grande respiration, se redresse sur sa chaise et se lance : «Je ne suis pas quelqu’un qui triche. J’ai toujours envie de tout jouer. Avant ma blessure, j’étais le joueur qui avait disputé le plus de rencontres au Standard.Je n’avais rien loupé, pas même la Coupe. Je suis revenu contre Malines alors que je n’étais pas totalement rétabli. Hélas, cela n’a pas fonctionné. La douleur était encore présente. J’avais une petite lésion et j’ai essayé de continuer. Cela a enflammé toute la zone, adducteurs et un peu le pubis. Une fois le mal présent, cela fut difficile à faire partir. C’était assez délicat. Comme je ne suis pas quelqu’un qui fait les choses à moitié, j’ai voulu prendre le temps de me rétablir complètement avant de me remettre à la disposition du coach. Maintenant, je comprends les supporters. Il est normal qu’ils pensent que je les laisse un peu tomber. Mais, simplement, ma blessure est arrivée au mauvais moment… C’est plus un sentiment de frustration qu’autre chose. Une frustration pour tous, moi le premier. Elle est due au timing plus qu’autre chose. Les gens qui me connaissent savent que je fais toujours tout à fond. Oui, j’ai eu peur de rater le tournoi. Une blessure avant un tel événement fait inévitablement cogiter. Le sélectionneur m’a d’ailleurs aussi téléphoné lorsqu’il a appris que j’étais sur la touche. Il s’est tenu au courant.
Je suis un élément majeur de son effectif donc il a suivi l’évolution de ma guérison. Mais je suis toujours demeuré confiant et j’ai bien travaillé avec le staff médical. » Voilà donc Matthieu Dossevi qui quitte, temporairement, son employeur au moment où celui-ci a peut-être le plus besoin de lui. Le menu de reprise des Rouches est corsé et il est très probable qu’ils seront privés d’Ishak Belfodil. L’absence de l’ailier fait très mal. «Je sais que mon départ pour la CAN met mon employeur en difficulté. Malgré tout le bonheur que la qualification m’a procuré, j’ai forcément pensé au fait que je quittais mon club. En plus, et ce n’est vraiment pas de chance, je vais louper des gros matches avec Bruges, Eupen et Anderlecht sur une seule semaine. Oui, j’ai envie de disputer ces rencontres d’autant plus vu la situation qui est la nôtre. » Pas question pourtant de refuser la sélection.
«Honnêtement, je ne l’ai jamais envisagé. L’événement est tellement énorme, unique, que cela reste une priorité pour moi. Nous nous sommes battus pour obtenir cette qualification… Cela représente deux ans d’efforts. Les gens partaient en vacances alors que moi j’allais disputer un match au Liberia, dans un stade plein à craquer, sous 35°C, pour décrocher des points cruciaux. C’est l’aboutissement du travail. Je n’aurais envie de louper cela pour rien au monde. Et puis, les clubs savent que quand ce genre d’événement arrive, ils doivent se priver de certains éléments majeurs de leur groupe. Le système veut cela avec la programmation de la CAN en janvier. Le calendrier est ainsi fait. Nous, joueurs, n’y pouvons rien et les clubs non plus. Ces derniers sont peut-être un peu victimes de l’agenda.
» L’homme parle de cette compétition africaine avec passion. Il ne peut cacher son exaltation. Un enthousiasme qui peut d’ailleurs étonner car, après tout, Matthieu Dossevi a toujours vécu en France, bien loin de la culture africaine dont, finalement, il n’est pas très proche. «Il est vrai que j’ai toujours vécu dans l’Hexagone. Je ressens pourtant cet amour de la patrie. Un sentiment qui m’a pris réellement lorsque j’ai commencé à porter le maillot de l’équipe nationale. Avant, je partais un peu dans l’inconnu. Je n’ai pas la culture africaine vu que je suis resté toute ma vie en Europe. Quand j’y repense, je ne m’étais finalement rendu au Togo que 2 ou 3 fois avant de rejoindre la sélection. En fait, j’ai vraiment pris conscience de l’importance de mes origines lors du premier match que j’y ai disputé. Quand j’ai mis le maillot, que les hymnes nationaux ont retenti. Là, j’ai pris la pleine mesure de ce que je représentais et de ce que je faisais. Bien sûr, il y a une différence de culture dans le vestiaire, entre les joueurs qui ont plus vécu en Europe et ceux nés au Togo mais ce n’est pas vu comme quelque chose de malsain. Il y a forcément plus d’affinités entre les binationaux qu’avec les locaux, mais ce n’est aucunement négatif. Nous voyons plus cela comme des richesses. Une opportunité pour apprendre de chacun. Au final, c’est cela qui fait la diversité d’un groupe. Chacun apporte son éducation, sa culture, sa façon de voir. Tout cela forme un joli collectif.
» Il apprécie donc particulièrement chaque voyage en sélection. «Il y a cette joie de vivre à chaque fois que nous revenons. Nous avons l’impression que nos retours redynamisent chaque fois le pays. Le public est heureux de revoir les joueurs qu’il adore, qu’il adule même. Il n’y a pas ce sentiment en Europe où les gens viennent simplement voir un spectacle, se divertir. Représenter son pays, c’est énorme ! La CAN est une grande compétition internationale. La première pour moi ! Pouvoir défendre les couleurs de son pays lors d’un grand événement après avoir cravaché pour se qualifier est un aboutissement. Ce n’est jamais évident de se hisser à ce niveau. Cette CAN est une sorte de récompense. » Un événement qu’il n’aurait raté pour… rien au monde.
Commentaires
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Ok, je peux comprendre la position de Dossevi. Tout le monde l'adorait au terme de la saison précédente, il n'y a pas de raison que ça change, et c'est une chance de posséder actuellement ce joueur, même s'il a été trop longtemps blessé et donc écarté de nos terrains. Mais, au même titre que Belfodil, c'est un joueur indispensable dans notre effectif ! Espérons juste qu'il ne nous revienne pas blessé ! Ce serait alors très très ennuyeux……