C’est un retour à son image, discret, mystérieux et imprévisible, un coup que personne n’avait senti venir mais qui va, à tout le moins, animer longtemps la scène footballistique belge. Un peu moins de six ans après son départ de Sclessin, consécutif au rachat du Standard par Roland Duchâtelet, Lucien D’Onofrio (62 ans), qui partageait depuis son temps entre Liège et Lisbonne, replonge dans un football belge qu’il ne suivait pourtant plus qu’à distance très respectable. Et pas n’importe où, au nord du pays, à l’Antwerp, dans le plus vieux club du Royaume, fraîchement promu parmi l’élite après treize années de purgatoire.
Après avoir flirté avec Anderlecht, sauvé l’AS Eupen de la noyade et facilité son rachat par les Qataris d’Aspire et s’être offert une respiration bienfaitrice au RFC Seraing, Lucien D’Onofrio est donc de retour aux affaires. Et dans un (double) rôle officiel : il a été nommé manager sportif, mais aussi vice-président du club établi à Deurne, à l’instar des fonctions qu’il avait endossé au Standard après avoir été conseiller sportif à la direction. La comparaison ne s’arrête toutefois pas là : dans les faits, D’Onofrio, qui n’a jamais agi autrement, sera le véritable patron sportif d’un Great Old qu’il devra d’abord reconstruire et refaçonner avant de tenter de raviver son glorieux passé.
Avec le même résultat qu’en bord de Meuse, où ses treize années de présence avaient été ponctuées par deux titres de champion de Belgique et des matches européens de très haute facture ? C’est évidemment le but de la manœuvre. « L’Antwerp possède un énorme potentiel et intéresse une communauté d’un million de personnes », explique Paul Gheysens, le big boss de Ghelamco et principal investisseur d’un club dans lequel il a injecté plus de 10 millions d’euros. « L’ambition est de construire ici un grand club que le public mérite. Qui mieux que Lucien D’Onofrio, avec ses réseaux et sa grande expérience du football international, peut nous aider à le faire, patiemment mais en nous faisant faire un grand pas en avant et en gagnant quelques étapes ? »
Avec le recul, retrouver Lucien D’Onofrio au Bosuil n’est pas à proprement parler une surprise. Parce que l’ancien patron du Standard nous avait avoué, il y a quatre ans, qu’il ne reviendrait dans le football belge qu’en cas de projet intéressant, avec une préférence très marquée pour… Anvers. « Cette ville mérite un grand club », nous avait-il alors confié, convaincu des richesses et du potentiel offerts par la Métropole anversoise, sur le plan financier mais aussi populaire. « En travaillant bien, il est possible de monter un club susceptible de disputer la Ligue des Champions… » En janvier 2014, alors que le Beerschot était en liquidation judiciaire, Lucien D’Onofrio avait rencontré Marc Degryse pour étudier la possibilité de créer un grand club à Anvers, sans que l’affaire n’aille plus loin.
Alléché par les perspectives d’avenir d’un club qui nourrit, à terme, le projet d’évoluer dans un stade de 50.000 places (« le stade actuel est trop petit », souligne Paul Gheysens), celui qui est l’un des hommes les plus puissants de la planète foot a donc décidé de remordre à l’hameçon. Et de se mettre illico presto au boulot : c’est lui qui a convaincu Wim De Decker, l’entraîneur champion, à accepter un rôle d’adjoint, c’est lui désignera « pour la fin de la semaine » son T1 et c’est lui aussi qui pilotera la campagne de transferts sur base d’un carnet d’adresses qui fait déjà saliver les sympathisants d’un Great Old qui renaît à l’ambition.
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