Maîtres Mayence et Misson s’accordent à dire que la loi en vigueur n’est pas à remettre en cause. Les deux juristes mettent plutôt l’accent sur la détection des fauteurs de troubles et une application effective des sanctions.

Me Jean-Philippe Mayence, avocat du Sporting Charleroi, a assisté en direct au choc wallon. Il a pu donc mesurer le contexte ambiant, une dimension qu’un tribunal ne pourra jamais rendre. «Cible d’une série d’objets, dont un pétard qui lui a explosé à l’oreille, Nicolas Penneteau a clairement signifié à l’arbitre central qu’il ne se sentait plus en sécurité sur la pelouse et que, a fortiori, il n’était plus en état d’exercer pleinement son métier. Son intégrité physique était menacée ni plus ni moins », relate Me Mayence, qui a entretemps pris connaissance du communiqué du Standard, bien décidé à récupérer les trois points.

«Il faut rétablir les faits dans leur chronologie et leur rendre leurs proportions. Le match a été interrompu une première fois à cause des supporters du Standard. Et ce premier incident a influencé, inconsciemment, le jugement de l’arbitre, peut-être réticent à siffler dans un sens ou dans un autre par peur de mettre le feu aux poudres. Les joueurs ne sont pas sortis non plus indemnes de cet incident initial. Quoi qu’on en dise, le match ne s’est plus déroulé dans des conditions normales à partir de cet instant. Il a été, à certains égards, faussé. Tout ce qui est arrivé par la suite a été déclenché par ce premier fait. Et ce ne sont pas un gobelet de bière et un objet luminescent que le gardien de Charleroi a reçus, mais bien une kyrielle d’objets. Ce qui exclut un acte isolé. »

A Charleroi, la police a disséqué les images vidéo internes pour débusquer l’auteur du jet du gobelet sur Hubert

Cette précision faite, le juriste ne changerait rien à la loi en vigueur. «L’arsenal juridique est suffisant, mais il faut prendre la peine d’empoigner les armes ! Dans un premier temps, il faut identifier les fauteurs de troubles et, ensuite, les poursuivre. A Charleroi, la police a disséqué les images vidéo internes pour débusquer l’auteur du jet du gobelet sur Hubert. On n’exclut pas non plus de se porter partie civile pour réclamer une indemnisation financière pour le dommage subi. »

«Au contraire », poursuit Me Mayence, «le Standard n’a jamais montré une réelle volonté de trier son bon grain de l’ivraie ni de repérer le(s) coupable(s). C’est quand même la seconde fois en deux déplacements au Mambourg que ses supporters sont à la source d’une même situation inacceptable. Les leçons n’ont a priori pas été tirées.

Là encore, le Standard ne songeq u’à récupérer les trois points. » Au-dessus de la mêlée, Me Luc Misson partage l’avis de son confrère sur l’inutilité de modifier la loi en vigueur. «L’ancien étudiant en criminologie que je suis se souvient que le moyen le plus efficace pour éviter un crime ne tient pas tant dans la sévérité de la sanction, mais bien dans la probabilité du risque d’être pris. Or, l’anonymat de la foule et, dans le cas d’espèce, la connivence des gens qui la compose encouragent ces comportements lâches. Dès lors, je me demande s’il ne serait pas indiqué de disséminer ces groupes dans le stade et de les infiltrer avec des agents de police en civil, protégés par des renforts à portée de « bip ». Je préconiserais le dialogue préventif avec ces hooligans. Mais, bien entendu, il convient aussi de faire appliquer la sanction, sinon plus rien n’a de sens ! A cet effet, il faudrait aussi donner écho aux poursuites encourues par ces gens. Ça les ferait réfléchir à la portée de leurs gestes. »

Cliquez sur ce lien pour rejoindre notre page Facebook et recevoir nos meilleures infos sport sur le Standard de Liège

Commentaires

Commentaires