Neuf mois après l’enthousiasme et la frénésie de la Coupe du Monde, c’est vraiment à se demander comment la Belgique a pu tomber si bas.
Cette Belgique qui a charmé le monde entier avec l’épopée de ses Diables Rouges, propose aujourd’hui un spectacle désolant, dont de nouveaux actes, plus consternants les uns que les autres, se succèdent dans une totale cacophonie.
La soirée d’hier a commencé par l’humiliation d’un procureur fédéral aux requêtes fantasques et démesurées, balayées d’un simple claquement de doigts par une commission plus rationnelle, pour se finir dans le désordre d’une arrière-tribune de stade où, pendant près de deux heures, certains « supporters » ont bloqué l’accès de leurs joueurs au bus qui devait les ramener à Bruxelles…
Je ne m’étendrai pas sur le bien-fondé des guillemets entourant le mot « supporters ». Les actes punissables, commis par une certaine frange du public, reviennent-ils à remettre en question la fonction ou la nature-même des personnes qui les commettent ? En d’autres termes, peut-on aimer un club et le torpiller en même temps ? Chacun aura son avis sur la question…
En attendant, s’il est difficile de reprocher quoi que ce soit à M.Lambrechts (l’arbitre de ce bien triste Standard-Anderlecht n’a fait qu’appliquer le règlement de la Pro League, édicté suite à des événements similaires, et déclinable en trois temps : appel au calme, interruption de match, arrêt de match), on peut regretter qu’il revienne aux supporters le pouvoir final de faire poursuivre ou interrompre un match…
Mais comment agir autrement ?
L’impression, ici, c’est que le basculement semblait inéluctable. De par la simple présence de « casseurs » dans le bloc mauve d’abord. De par l’évolution du score ensuite. Après la première interruption du match, il paraissait évident qu’en cas de deuxième but du Standard, et malgré les avertissements du speaker de Sclessin, les partisans du « hara-kiri » mauve n’allaient pas en rester là. Certains étaient tout simplement décidés à ce que ce match n’aille pas jusqu’à son terme…
Le public, grand perdant
Dans cette triste affaire, le grand perdant, est sans nul doute le public.
27.000 personnes ont payé pour venir assister à ce qu’ils pensaient être l’un des sommets des Play-Offs, entre deux des antagonistes les plus affirmés de notre compétition. Au final, ils n’auront eu droit qu’à un simulacre de match et à des scènes d’émeutes et de déprédation… Que penser de l’impact de telles scènes sur les enfants ? Le foot est-il définitivement devenu un spectacle E.N.A. ?
En attendant, aucun spectateur lésé ne sera remboursé et, pour ceux qui ne soignent pas leurs blessures à l’hôpital (car dans les échanges de jets de pétards qui ont suivi le match, certains supporters et stewards ont été touchés), il restera à tout le moins des images traumatisantes et, forcément, dissuasives…
Fouilles complaisantes ?
C’est l’évidence même : sans projectiles dans le stade, pas de jet de projectiles. La question s’était déjà posée lors de précédents Standard-Anderlecht (2012) et Charleroi-Standard (2016) : comment pétards, fumigènes et autres feux de Bengale, peuvent-ils, avec autant de facilité et en telle quantité (hier soir, les munitions semblaient inépuisables !) franchir les barrières de sécurité ?
Pointer la responsabilité des stewards, c’est détourner le problème. Ceux-ci ne peuvent effectuer que des fouilles sommaires (contrairement aux policiers), et si on ne peut écarter l’hypothèse de certaines complaisances (car les stewards d’un club sont prioritairement affectés à l’encadrement des supporters de ce même club), comment solutionner le problème ?
Surveiller les surveillants ? Sanctionner les sanctionnants ? La tâche n’est déjà pas simple pour les stewards, adopter cette attitude serait risquer une désaffection généralisée (car comment séduire encore des personnes dont la mission est déjà compliquée : devoir tourner le dos au spectacle du terrain pour canaliser, avec des moyens d’action limités, celui des tribunes ?).
Cette mission devra constituer une priorité d’étude et d’action pour la Pro-League ces prochaines semaines.
Pour empêcher les saboteurs de saboter, il faut les priver des moyens de saboter, et donc agir sur la filtration en amont. La tâche n’est pas mince…
La coupe est pleine, le débordement est proche
Voir les Diables Rouges dominer avec entrain le classement FIFA, tout en drainant dans leur sillage un football belge aussi malade, ne manque décidément pas d’interpeller.
Comme le fils prodige ayant réussi son émancipation d’une famille médiocre que l’on regarde avec honte, notre équipe nationale est l’incarnation de l’arbre qui cache la forêt.
Un arbre qui pourrait être généalogique avec ses cousins véreux, son tonton bourré et ses grand-tantes acariâtres…
Le Footbelgate, le matchfixing, les commissions occultes, les réseaux d’influence,… Tous les tristes protagonistes de ces derniers mois peuvent aisément trouver leur branche d’accueil.
Après son titre en D1B, il ne manquerait plus que Malines remporte la Coupe pour que celle-ci, définitivement, déborde…