Traditionnellement, quelques jeunes promesses accompagnent les clubs lors du stage hivernal. Davantage qu’un cadeau offert pour les efforts fournis, il s’agit surtout d’un révélateur intéressant pour la suite de leur carrière.
C’est une tradition hivernale(mais aussi estivale…) désormais bien établie et souvent riche en enseignements, positifs ou négatifs d’ailleurs. Chaque année, les clubs professionnels emmènent en stage de jeunes promesses du club qui, l’espace d’une semaine d’intenses efforts et de bizutages gentillets, vont pouvoir se frotter aux cadors du noyau. D’un point de vue pratique, c’est aussi l’occasion, pour les staffs, de pouvoir compter sur suffisamment de joueurs pour proposer des oppositions à 11 contre 11, surtout avec les blessés, les joueurs en partance ou ceux qui sont retenus par la CAN…
« Certains peuvent se décourager, d’autres se sentir pousser des ailes » – Ariel Jacobs
Au bout du compte, les élus sont moins nombreux que les appelés, à qui le staff et la direction font souvent un « cadeau » en les emmenant au soleil en plein coeur de l’hiver. «Plutôt que de parler de cadeau, j’évoquerais plutôt le terme de récompense », affine Ariel Jacobs, ancien entraîneur du Brussels, de La Louvière, Lokeren, Mouscron ou d’Anderlecht, entre autres. «Même si cela peut leur ouvrir des perspectives intéressantes, participer à un stage n’est pas une fin en soi. C’est souvent un révélateur de personnalité. Certains peuvent se décourager, d’autres se sentir pousser des ailes de se voir ainsi offrir l’opportunité unique de travailler au quotidien avec les professionnels. Il faut apprendre à supporter la charge de travail au niveau de l’intensité, de la durée et de la fréquence, mais aussi à vivre 24 heures sur 24 au sein d’un groupe, en respectant ses règles. En ce qui me concerne, j’avais pour habitude de «mettre en garde », même si je trouve le terme trop fort, ces jeunes : pour espérer percer, ils doivent comprendre ce qu’on attend d’eux pendant le stage mais aussi et surtout après. Certains vivent mal le fait de retourner chez les Espoirs et peuvent baisser les bras comme cela a sans doute été le cas pour le jeune Amaury Mabika, qui m’avait laissé une belle impression mais qui joue aujourd’hui à Grimbergen. D’autres, par contre, y trouvent une source de motivation. Je me souviens qu’après ces stages, il arrivait régulièrement que le manager d’un joueur à qui on avait dit qu’il avait donné satisfaction vienne quémander une revalorisation salariale auprès de la direction.
» Ce « cadeau », les jeunes en question l’ont souvent mérité pour ce qu’ils ont montré avec les équipes de jeunes voire, pour certains, lors des quelques entraînements avec les A qu’ils ont pu vivre durant la saison. «Mais même s’ils doivent le prendre comme tel, ce cadeau peut parfois aussi s’avérer empoisonné », affirme l’ancien préparateur physique du SC Charleroi, Frédéric Renotte. «Durant ces stages, seuls ceux qui sont intelligents saisissent l’importance de redoubler d’efforts pour atteindre leur rêve de football professionnel.
« Ce cadeau peut parfois aussi s’avérer empoisonné » – Frédéric Renotte
» En grossissant un peu le trait, on peut dire qu’il existe trois types de joueurs qui entrent dans cette catégorie. Tout d’abord, ceux qui viennent en toute humilité mais avec l’optique de progresser, en se confrontant à des adultes roublards plutôt que de jeunes en plein apprentissage. «Parfois, on décèle chez certains d’eux des facultés de leadership qu’ils ont déjà chez les jeunes mais qu’ils conservent parmi leur nouvel environnement », poursuit Renotte en évoquant notamment l’exemple de Steve Colpaert, qui a connu une belle carrière grâce à un professionnalisme poussé à l’extrême.
Ensuite, il y a aussi les joueurs qui vont croire que tout est arrivé, qu’ils sont déjà devenus professionnels à part entière. Le gros risque, pour eux, c’est le manque de remise en question qui peut s’avérer fatal. Enfin, il y a aussi ceux qui vont se décourager en voyant que le fossé qui existe entre les équipes de jeunes et le noyau pro est trop important. Ceux-là manquent parfois d’ambitions ou de talent, éventuellement des deux. Pourtant, le fait de participer à ce genre de stage pourra aussi les servir quand ils seront confrontés quotidiennement avec un monde d’adultes. Et ce même s’ils sont contraints d’évoluer à un niveau moins élevé…
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