Le football est parfois bizarre : c’est lors du match où il a concédé à son adversaire le plus d’occasions de but que le Standard est parvenu, pour la première fois depuis le 3 novembre et la victoire très nette au PanathinaÏkos (0-3), à préserver ses filets inviolés. Quatre-vingt-sept jours donc, pour rappeler au bon souvenir de tous que le Standard savait encore faire corps, ce qu’il n’avait plus montré de manière aussi évidente depuis le point arraché de haute lutte au Celta Vigo, sur la scène de l’Europe League. « On peut être fier de Gillet », lâcha sans équivoque, au moment de quitter le stade Constant Vanden Stock, Razvan Marin, le transfuge roumain des Rouches.
Dans le vestiaire liégeois, Jean-François Gillet s’est souvenu que le 4 octobre 2015, alors qu’il défendait le but de Malines, il avait été porté en triomphe par ses équipiers. Ce soir-là, celui qui était encore le troisième gardien des Diables rouges avait réussi l’exploit d’arrêter trois coups de réparation mauves (tirés par Praet, Okaka et Tielemans) pour permettre au Kavé de s’en retourner avec un point inespéré. Au grand dam de Besnik Hasi qui avait déclenché une belle polémique en déclarant qu’avec « tout le respect » qu’il a pour le gardien de Malines, « il mesure 1m20 et on arrive à tirer à trois reprises au ras du sol ». Avant de devoir publiquement présenter ses excuses le lendemain.
Hier, si le Standard a regagné la Cité ardente avec une unité qui, sur un plan strictement mathématique, ne peut suffire à son bonheur mais peut lui donner un sacré coup de boost, c’est à Jean-François Gillet qu’il le doit. « Qu’ajouter à sa prestation, sinon que de lui dire merci ? », lance Benito Raman. « Il a livré un très gros match et nous permet d’encore d’y croire. À nous de surfer sur le, match parfait qu’il vient de sortir… »
Un match parfait effectivement, qui relance pleinement le parcours de Jean-François Gillet à Sclessin, trois jours seulement après son retour aux affaires lors du déplacement à Eupen. « J’avoue avoir eu du mal dans la foulée du déplacement au Panathinaikos, lorsque le staff a pris la décision de me sortir de l’équipe », dit-il. « Parce que c’était la première fois que je vivais pareille situation et que cela m’a donc fait bizarre. Oui, je l’ai eu mauvaise. Mais ce sont des expériences qui, souvent, permettent de grandir… »
Revanchard, Jean-François Gillet, qui a signé hier sa septième clean-sheet de la saison, est donc revenu plus fort. À trente-sept ans, son appétit est toujours immense. « Je ne vais pas nier que cette prestation me fait un bien fou, parce qu’il était important de terminer un match sans prendre de but », poursuit le gardien liégeois, heureux qu’à la fin de la rencontre, Guillaume Hubert ait filé vers lui pour le féliciter. « Avec Guillaume, on a un super rapport. On parle souvent, on se comprend et on se soutient… »
Car hier, c’est en termes collectifs que Gillet a préféré raisonner. Sur le plan de mentalité, le Standard a fait mouche. « Tout le monde a donné sa vie pour arracher ce point. On a travaillé l’un pour l’autre, en montrant ce qu’était vraiment l’esprit Standard, celui que nos supporters veulent voir. Cet esprit, je l’ai ressenti, y compris dans le chef de Marin et de Danilo, les deux nouveaux, qui sur ce plan-là ont montré l’exemple. L’ADN de ce club, c’est ce qu’on a montré tous ensemble, en se battant sur chaque ballon. Je ne veux pas parler de laisser-aller, mais peut-être a-t-il fallu un temps d’adaptation à chacun d’entre nous pour être capable de comprendre ce qu’était le Standard et ce qu’il véhiculait comme valeurs. J’espère désormais que le vent va tourner et que la spirale négative dans laquelle nous étions englués est terminée… »
Trop tard ? Peut-être. Parce qu’avec six unités de retard (sept dans les faits) sur le sixième à six journées de la fin de la phase classique de la compétition le Standard est dans de bien vilains draps. « On ne va pas regarder le classement », conclut Jean-François Gillet. « Tout ce qui compte, c’est la visite de Courtrai samedi à Sclessin. Si on n’a pas toujours été beau à voir à Anderlecht, on a affiché une rage de vaincre qui doit nous permettre d’encore y croire… »
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