La porte semble austère et l’aspect extérieur tranche avec les autres magasins du Sentier, ce quartier parisien où grouillent les ateliers de confection rendus populaires par la trilogie La Vérité si je mens. Mais une fois qu’elle s’ouvre, elle laisse apparaître un immense espace qu’occupent les salariés de Red Bull France.

Gérard Houllier a pris possession de son bureau à l’été 2012, date à laquelle il a été nommé à la tête de la division football de la marque. Un rôle de plus pour ce touche-à-tout qui sera épaulé, le 1er janvier, par un équivalent pour la partie administrative et qui a fait jouer son réseau pour nommer ses directeurs sportifs et notamment Ralf Rangnick à Leizpzig et à Salzbourg.

Comme l’Allemand, Gérard Houllier voyage beaucoup. Demain soir, il sera en Autriche pour assister à la rencontre de Ligue Europa face au Standard. Mais avant cela, le Français a pris le temps de nous parler de ce nouveau projet qui ne lui donne peut-être pas des ailes « mais qui me procure de l’enthousiasme ».

Lors de votre intronisation en juillet 2012, vous aviez insisté sur l’importance de se créer une propre identité et non pas de copier ce qui a déjà été fait. Comment pourriez-vous définir cette identité Red Bull au niveau football ? « C’est une philosophie. Pour eux, c’est développer et former des jeunes, à l’image de ce qui s’est fait en Formule 1. Sebastian Vettel, c’est un produit Red Bull depuis l’âge de treize ou quatorze ans. Le prototype, c’est plus Leipzig qui a été pris à partir de rien et qui est en D3 avec l’objectif D2, D1 puis Ligue des Champions. La philosophie Red Bull est de former, de développer, de construire et, bien sûr, d’innover dans ce domaine-là. Dans le jeu, l’accent est plus mis sur le jeu en possession. Gagner mais avec style, en faisant le spectacle. Ne pas gagner n’importe comment, gagner en prenant des risques par exemple. » Vous êtes content de cette expérience ? « Ce n’est pas seulement M. Mateschitz qui m’a séduit mais avant tout la philosophie de la marque. Tout ce qui est fait est fait avec un souci de qualité. Ce qui m’a frappé, c’est que tout ce qui touche Red Bull est fait avec qualité, de manière très professionnelle mais aussi très conviviale. Ce n’est pas quelque chose d’automatisé ou de trop rigide. Il y a une ambiance, une atmosphère, une philosophie, une culture, une identité. Je pense toujours que la culture précède la performance, elle est plus importante même. Et ce qui m’a plu, c’est que cette culture s’appuie sur des critères de qualité, de générosité, de solidarité, de formation. J’aime aussi le côté créatif. » Comment transposer la culture de la marque dans le monde du football ? « Moi, je transpose surtout la culture sportive via mes directeurs sportifs. Ralf Rangnick avec Salzbourg et Leipzig, Andy Roxburgh à New York ou Carlos Andrade au Brésil. On respecte la culture du pays : le jeu que vous avez à New York ne sera pas le même que celui qu’il y a à Leipzig ou à Salzbourg. Mais il y aura des principes généraux étiquetés Red Bull. Après, ce n’est pas quelque chose qui se fait en un an, il faut du temps. Nous sommes en train de nous séparer de notre club au Ghana. Maintenant, nous allons avoir quatre entités diversifiées avec des clubs qui cherchent la performance, des clubs qui cherchent la progression et des clubs qui cherchent la formation comme au Brésil où l’académie est liée au club et d’où est sorti Ramalho qui est depuis parti à Salzbourg et qui devrait jouer contre le Standard. C’est bien. » Des rumeurs font état d’une arrivée de Red Bull en Angleterre… (Il coupe) « C’est archi-faux. Cela ne correspond pas du tout à la philosophie Red Bull. Il vaut mieux suivre l’exemple de Leipzig qui, si Dieu nous prête vie, sera dans quelques années en Ligue des Champions. Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. » Et si un projet du type Leizpig se présentait en Belgique ? (Sourire) « Je ne sais pas. Il faudrait demander au boss. »