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L’ancien président de Saint-Trond n’est pas parvenu à fédérer autour d’un projet très flou. Explication de son impopularité.
Il a longtemps endossé le costume du méchant sans vraiment l’avoir cherché. Roland Duchâtelet était-il vraiment aussi mauvais qu’on a voulu le faire croire ? Non. Il recelait même des parts d’humanité surprenantes mais le problème, c’est qu’il les conjuguait à une froide rationalité cadrant mal avec un milieu aussi passionnel que le football. En quatre ans, Duchâtelet a piloté le cercle le plus chaud de Belgique, sans montrer d’empathie pour ce club. Et pourtant, son arrivée avait généré pas mal d’espoirs.
Nous sommes en 2011. A l’époque, l’état de grâce de Luciano D’Onofrio est fini depuis un certain temps. La gloire de 2008 et 2009 a laissé la place aux critiques et de plus en plus de supporters ne veulent plus de la gestion de l’ancien agent. A part auprès des affidés de LDO, l’arrivée de Duchâtelet à Sclessin est vécue comme un soulagement et une délivrance.
Et ce d’autant plus que l’homme d’affaires limbourgeois annonce qu’il s’est lancé dans l’aventure pour faire barrage à Value8, ce fonds d’investissement néerlandais. A l’époque, il affirmait dans Sport/Foot Magazine :
« C’est une petite société hollandaise qui devait contracter un prêt pour acheter le Standard. Pour rembourser la banque, elle aurait certainement pensé récupérer le cash au Standard. De plus, elle est cotée en Bourse et le Standard aurait constitué l’actif principal de la société. » De la sorte, il passait pour un homme d’affaires généreux, dernier rempart contre l’invasion du foot-business.
Implacable en affaires mais pas générateur de profits
Rapidement, pourtant, cette image s’est effritée, déchiquetée par l’appât du gain de Duchâtelet, désireux de prouver à tout le monde qu’on pouvait faire de l’argent dans le monde du football. Si en quatre ans, Duchâtelet a récupéré 27 millions du Standard, ce n’est pas le cas du Standard qui doit toujours lutter contre un déficit d’exploitation annuel.
« Le challenge le plus important pour le club est d’arriver à ce que l’équilibre financier sans transfert soit meilleur qu’aujourd’hui », affirmait-il en novembre 2011. En quatre ans, Duchâtelet n’a pu compter que sur les transferts pour compenser ce déficit d’exploitation et n’a jamais réussi à mettre sur pied un système qui générerait plus d’argent. Ce déficit a même explosé en 2014, atteignant 12 millions d’euros.
Certes, il ne manquait pas d’idées pour faire rentrer davantage d’argent : amélioration des infrastructures par le biais de rachats de bâtiments autour du stade, volonté farouche d’opter pour la Beneleague, produit qu’il jugeait plus visible et qui, selon lui, générerait plus de droits télévisés. Mais aucun projet n’a véritablement abouti.
Autre échec de gestion : son utilisation de l’Académie. Alors qu’il a toujours affirmé miser sur cet outil, les faits ne lui ont pas vraiment donné raison. Il a en effet toujours privilégié un large turnover de l’effectif – sauf en 2013 sous la pression populaire – préférant injecter de la fraîcheur par le biais d’achats compulsifs plutôt que par une confiance aveugle en son centre de formation.
Par contre, il a toujours refusé jeter de l’argent par les fenêtres. Comment ? En combattant l’omniprésence et la superpuissance des agents – une liste noire des agents était épinglée aux murs de plusieurs clubs du réseau. En négociation, il pouvait se montrer très pointilleux et il n’avait pas pour habitude d’offrir de gros contrats à ses entraîneurs, préférant ce qu’il escomptait être de bonnes pioches (José Riga, Ron Jans ou Guy Luzon).
Aucun titre et une seule fois sur le podium en 4 ans
Echec également sur le plan sportif. Le Standard n’a pas perdu son standing mais la courbe des résultats s’est tassée. Il a hérité d’une équipe qui venait de terminer à la 2eplace du championnat et qui restait sur des résultats très constants (2 titres, une 8eplace, une 2e place et une 3e place sur les cinq dernières années).
Sous l’ère Duchâtelet, le Standard ne s’est mêlé à la lutte pour le titre qu’à une seule reprise, finissant 2e en 2014. C’est d’ailleurs la seule fois de l’ère Duchâtelet que le club a terminé sur le podium ! Pour le reste, jamais le Standard n’a vraiment eu voix au chapitre.
Mais est-ce vraiment une surprise ? Non. Jamais, à part en 2013, après la fronde des supporters, Duchâtelet n’a fourni une équipe compétitive à son entraîneur. L’année passée encore, alors que l’équipe disputait les préliminaires de la Ligue des champions, il a fallu attendre fin août pour voir se dessiner un noyau.
Il n’a jamais compris le club
Mais là où l’échec est le plus patent, c’est dans sa relation avec les fans. Il a toujours donné l’impression de ne pas comprendre le Standard et ses supporters. Sa communication fut désastreuse. Dans chaque interview, il faisait un faux pas.
Il s’en est finalement rendu compte après juin 2013, refusant toute interview sportive. D’une communication bancale, il est passé à une absence de communication, renforçant son caractère insondable et incompris.
On ne saura jamais si Duchâtelet a aimé son passage au Standard mais si tel est le cas, il l’a bien caché.
Par Stéphane Vande Velde
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