A la lueur des incidents de l’an dernier, le choc des bassins sidérurgiques wallons ne pouvait au minimum que produire une gerbe d’étincelles, plus ou moins contrôlable.

C’est malheureusement d’une succession d’épisodes bien plus incandescents encore qu’a accouché un événement censé être la vitrine du football du sud du pays. Tu parles d’un fleuron ! Les dieux du foot seuls savent par quel miracle, on a évité que l’affligeant spectacle pyrotechnique descendu des tribunes ne dégénère en baston généralisée. Car au-delà de l’interruption puis de l’arrêt définitif du match, le risque était bien là. Encore une fois, hormis sans doute la (petite) casse habituelle (sièges, sanitaires, etc.), la fin en eau de boudin de ce Charleroi- Standard n’aura finalement d’autres répercussions que sur la trésorerie des deux clubs et sur leur capital points. Un dernier paramètre qui ne lésera, au final que le Standard, dont la victoire qui était en train de se dessiner sur le terrain dépourvu de toute hostilité, aurait dû lui permettre de rester au contact du Top 6.

Au lieu de cela, le voilà à devoir combler un déficit de cinq points alors qu’il n’en reste que 39 à distribuer. Dès ce lundi matin et sans doute pour de longs mois encore si l’on en croit la bataille juridique qui s’annonce, le débat glissera une nouvelle fois de la pelouse aux prétoires. Un exercice auxquels les conseils de Charleroi et du Standard sont désormais rompus. Sous le couvert de la légalité à faire respecter, ils se battront comme des chiffonniers pour faire valoir le droit là où la situation recommanderait le simple bon sens. Il y a vingt-cinq ans, le football était sous le joug de la violence des poings et des barres de fer.

Aujourd’hui, la frange dure des supporters s’est rabattue sur d’autres artifices, plus anonymes et surtout plus aisément dissimulables au regard de fouilles qui, hier soir encore, montrent toutes leurs limites. Que faut-il faire dans ce pays pour que nos rencontres au sommet ne se transforment pas en des chocs croates, serbes ou turcs ressemblant à des éruptions volcaniques? Ou au mieux à des derbies grecs sans supporters ? C’est la question à laquelle l’Union belge refuse obstinément de répondre depuis trop longtemps. Par manque de conviction ou par frilosité face aux avocats des clubs qui leur dictent pratiquement le ton des sanctions à prendre.

On l’a vu l’an passé avec le huis clos imposé du bout des lèvres au Standard (et encore, il fut postposé à ce début de saison, en plein mois d’août, sous l’influence de certains grands clubs craignant une réaction des détenteurs de droits TV par rapport au produit Playoffs). Le football est l’otage de ses propres tribunes. Les mesures d’application depuis le début de la saison se révèlent déjà d’une cruelle inefficacité. Car elles touchent les clubs et non pas les fauteurs de troubles. Ajouter un zéro supplémentaire à l’addition ne changerait rien. Doit-on aller vers des Clasicos, des Toppers ou des derbies wallons disputés, de manière préventive sans supporters visiteurs ?

C’est un débat – in fine pénalisant pour le vrai supporter – qui risque de s’ouvrir bien plus vite que ne le pense une Fédération dont on ne voit plus que les plumes du postérieur. A force de se mettre la tête dans le sable. Sans bouger.

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