Même s’il avait bien reçu une convocation devant la Commission des Litiges, le Standard ne peut pas croire au maintien d’une sanction – on peut même parler d’une peine – de deux matches à huis clos pour une rencontre à Malines au cours de laquelle il ne s’est rien passé… ou presque. La bataille ne fait que commencer.
Depuis mardi, tout le monde au Standard, les dirigeants comme les supporters, se pose des questions. Par l’entremise de son directeur de la communication, Alexandre Grosjean, et de son directeur juridique, Pierre Locht, la direction du club liégeois a tenté d’apporter quelques réponses à ce qu’elle considère être « un abus manifeste » et «une sanction totalement incompréhensible, que rien ne justifie. »
1. Dans le cas présent, le Standard a-t-il raison de se plaindre ?
De manière limpide, Pierre Locht explique pourquoi la décision de la Commission des Litiges est venue comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage. «Cette décision fait suite à un rapport du délégué au match, qui est chargé de relater les divers incidents éventuels sur le terrain comme autour. Le règlement de l’Union belge et plus particulièrement son article 278.24 est très clair. Son rapport est transmis au Parquet soit quand des incidents ont influencé le déroulement de la rencontre, soit lorsqu’il y a eu des manifestations racistes ou blessantes. Dans ce rapport, des questions sont explicitement posées. 1. Y a-t-il eu des incidents de sécurité avec un impact sur le match de la part de l’équipe visiteuse ? Le délégué au match a répondu par la négative ; 2. L’attitude des supporters ? Jugée bonne ; 3. L’organisation de la sécurité de la part de l’équipe visiteuse ? Excellente. Avec ce rapport, on n’avait aucune raison de penser qu’on puisse être poursuivi devant les instances disciplinaires. Et à l’arrivée, la décision de la Commission des Litiges est motivée par le fait qu’il y a eu un feu d’artifice à un point de corner où il n’y avait pas de joueur. Il n’y avait pas de raison de transmettre ce rapport au Parquet fédéral. Les poursuites sont irrégulières.
» Il reste à savoir pourquoi le Standard ne s’est pas présenté devant la Commission et n’a pas pu faire valoir ses droits. «Oui, une convocation sur l’intranet de la Fédération est passée mais nous ne l’avons pas vue », remarque Pierre Locht. «Nous n’avons pas reçu de mail nous invitant à aller sur e-kickoff pour prendre connaissance de la convocation. comme c’est l’habitude », précise Alexandre Grosjean. «Par exemple, nous en avons reçu un pour les incidents de Charleroi. »
2. Les incidents de dimanche à Charleroi ont-ils influencé la décision ?
Clairement oui. Il est impossible d’imaginer que l’arrêt du choc wallon n’ait pas joué un rôle. «Les trois instances (délégué, Parquet, Commission) de la Fédération avaient une raison de ne pas poursuivre. Et pourtant. Nous ne voulons pas faire un procès d’intention, le Standard se limite à constater les faits. De manière étonnante, on sanctionne d’un match à huis clos (NDLR : le second est dû à la levée du sursis) pour ce fait alors que dans le même temps, pour des faits d’un autre club qui a aussi des antécédents disciplinaires qui ont causé l’interruption du match on prononce une amende à l’encontre de Charleroi. » Comment ne pas s’interroger sur cette impression désagréable de deux poids, deux mesures ? «Pour autant que l’URBSFA ait l’intention d’appliquer son règlement correctement, il est clair que les poursuites devront être déclarées irrecevables en appel », affirme Pierre Locht. Une autre question est dans l’air, telle une épée de Damoclès : si le Standard prend 2 matches pour si peu, qu’attendre alors le 13 décembre prochain pour Charleroi- Standard. À la lueur de Malines, ne pas être sévèrement sanctionné serait alors défier toute logique du point de vue des instances disciplinaires…
3. Le Standard a-t-il le sentiment qu’il fait l’objet d’un acharnement ?
C’est le cas, même si personne, à Sclessin, ne peut l’affirmer de manière aussi nette. «Le Standard a toujours agi avec cohérence vis-à-vis des supporters », rappelle d’entrée Alexandre Grosjean. «Quand il y a des débordements comme à Charleroi, nous prenons nos responsabilités et montrons l’exemple. Mais quand ils sont lésés et qu’il y a des abus, il faut le dire aussi, prendre leur défense et monter au créneau. Rien ne pouvait justifier une telle sanction. »
4. Le Standard paye-t-il son manque de représentation dans les instances ?
« C’est clair que le club est moins bien représenté dans les instances fédérales qu’il l’a été dans le passé, mais je ne veux pas croire que cela puisse jouer un rôle », répond diplomatiquement Pierre Locht lorsqu’on lui pose ouvertement la question. Qu’il avoue, pourtant, se poser également. Si Bruno Venanzi siège au Comité exécutif de l’Union belge, sans pouvoir peser sur aucune décision puisqu’il ne s’agit pas du Conseil d’administration, Luc Boirs, lui, est membre de la Commission de sécurité. C’est tout ! À l’époque où ils dirigeaient le Standard, Lucien D’Onofrio et Pierre François avaient vite perçu l’importance pour leur club de jouer un rôle actif à la fédération et à la Pro League. Lorsque la direction du club principautaire épingle le traitement réservé à Charleroi, notamment pour l’interruption de match survenue face à Saint-Trond, c’est évidemment au rôle important que joue Mehdi Bayat à l’Union belge qu’ils songent. Sans jamais le dire…
« Réparation »
Lorsque le Standard dit qu’il ira« au bout du dossier », ce n’est pas un simple discours de circonstances. Ainsi, le club liégeois envisage-t-il de demander réparation à l’Union belge de football pour les dommages subis suite à la décision prise par la Commission des Litiges de lui infliger deux matches à huis clos. « Il y a clairement un dommage », dit Pierre Locht. « En termes d’image, mais aussi sur le plan financier. Beaucoup de nos supporters qui voudraient acheter des tickets pour les matches du Standard à domicile rebroussent chemin… » Mais devant quelle juridiction le club liégeois peu-til saisir ? C’est l’une des questions posées par Bruno Venanzi dans une lettre adressée hier à la fédération. Le président du Standard pointe aussi le fait que son club n’a pas reçu d’e-mail confirmant qu’il était convoqué par la Commission des Litiges, comme c’est le cas d’habitude.
La suite de la procédure
Condamné mardi, le Standard a jusqu’au mercredi 14 décembre pour introduire son appel. Si cette procédure ne fait pas le moindre doute dans l’esprit des dirigeants, il sera jugé au plus tôt le 23 décembre par la Commission des Litiges d’appel, comme l’a précisé Pierre Cornez, porte-parole de l’Union belge. Avant cette date, aucun match à Sclessin (Westerlo ce dimanche, Lokeren le 21 décembre n’est menacé par huis clos). «L’appel du Standard est suspensif, il n’y a aucun match à huis clos effectif. Il le sera jusqu’à l’audience et la décision en appel. C’est à la Fédération à fixer l’audience de la Commission et c’est en principe le dernier recours suspensif. Vu l’irrégularité de la procédure, je ne pense pas que cela durera très longtemps », a commenté Pierre Locht, le directeur juridique du club liégeois. Et si cet appel ne donne pas le verdict souhaité par le club ? «Le recours ultime est la CBAS. Le club utilisera tous les recours mais n’ose pas imaginer devoir aller jusque-là, c’est clair. Maintenant, face à de tels abus comme on peut les nommer, se pose aussi la question de la réparation possible du dommage subi par le club. »
« On doit être jugé sur les faits »
Dans les attendus de sa décision, la Commission des Litiges évoque le passif du club liégeois. «Il était nécessaire de donner un signal clair. Vu le caractère répétitif des faits et le passé disciplinaire du Standard, la Commission a suivi les recommandations du parquet. » C’est le genre d’arguments qui a tendance à faire bondir du côté de Sclessin. «Le Standard doit être très clair dans les deux sens. Quand les faits sont inacceptables de la part de nos supporters, nous sommes les premiers à la dire et nous sommes les seuls à avoir pris une sanction forte, ferme et sans précédent dans l’histoire du football belge. Face à des abus, nous le sommes tout autant. On peut se poser des questions. Prononcer une sanction à huis clos pour Malines, c’est surréaliste. On mentionne nos antécédents mais il y a une contradiction. rappelez-vous l’an passé après Standard-Anderlecht on avait souligné le match le plus fair-play de ces 10 dernières années mais on est parvenu à nous poursuivre pour un briquet qui serait tombé dans un coin. À force de poursuivre pour tout et n’importe quoi, il ne fait pas s‘étonner que des antécédents s’accumulent. Or ceux-ci ne peuvent intervenir que pour la sanction, pour poursuivre, il faut s’en tenir aux faits. »
« Il faut pouvoir punir les auteurs »
La direction du Standard l’affirme haut et clair : il faut laisser tomber le règlement initié par la Pro League qui prévoit de lourdes sanctions financières pour les clubs dont les supporters causeraient des incidents conduisant soit à l’interruption, soit à l’arrêt définitif du match. « Parce qu’il renforce le rôle que les supporters peuvent avoir sur le déroulement d’un match », précise Pierre Locht. Dans la foulée des incidents survenus lors du choc wallon à Charleroi, Aleksandar Jankovic avait adopté le même ton. « Ce n’est en tout cas pas ce règlement qui va résoudre le problème. Comme c’est le cas en Angleterre, il faut punir plus efficacement et rapidement les auteurs, sur base d’une étroite collaboration avec les autorités publiques et judiciaires. Il faut faire le bilan, voir si d’autres mesures ne sont pas plus appropriées… » Le Standard veut aussi résoudre, à long terme, le problème rencontré en déplacement. «Parce qu’il n’y en a pas à Sclessin, lorsqu’on organise le match », souligne Alexandre Grosjean. «On veut mettre en place un système cohérent, en concertation avec la Famille des Rouches, pour que ce qui s’est passé dimanche ne se reproduise plus jamais… »
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Une réponse à « Là, c’est de l’abus…»
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ABUS ou DERISION ? J’invite en tous cas tous les supporters dont plus de 99 % sont blancs comme neige dans toute cette histoire, à se munir de briquettes, pétards et fumigénes pour la prochaine rencontre de championnat, puisque de toute façon, on va TOUS payer la note, et les VRAIS coupables vont encore s’en sortir.
Et on parle en plus de nous imposer un autre match à huit clos suite aux incidents de Charleroi !
Dans ces conditions, je ne reconduis pas mon abonnement au Standard la saison prochaine, si c’est pour être privé de 4 rencontres sur les 15 de la phase classique ! N’oublions pas que nous avons été privé du 1er match déjà, suite à un huit clos proclamé la saison dernière.
Ils se moquent de qui, à la maison de verre ?
A moins que notre Direction, nous estimant lésé, nous octroye l’abonnement pour les plays-offs gratos. Ce serait un geste vers la majorité silencieuse et responsible.