Bruno Venanzi ne s’était exprimé, jusqu’ici, que par voie de communiqué sur les incidents qui ont émaillé le choc wallon de dimanche à Charleroi. Le patron de Sclessin l’a fait, hier, en répondant par mail au président de la Famille des Rouches. Il explique clairement pourquoi il a décidé d’interdire les supporters rouches de déplacement jusqu’à la fin de la phase classique du championnat.

Les supporters du Standard ont du mal à accepter la décision prise lundi matin par Bruno Venanzi, dans la foulée des incidents survenus à Charleroi, de les priver de déplacement jusqu’à la fin de la phase classique du championnat. Aussi Eddy Janssis, le président de la Famille des Rouches (FDR), association qui regroupe tous les clubs officiels des supporters du Standard, a-t-il fait part, dans un mail envoyé au patron de Sclessin, de son immense déception, avançant le fait que cette mesure a été prise « unilatéralement, sans concertation avec la FDR » et qu’elle pénalise « les supporters corrects, la grande majorité, pour des actions sauvages commises par quelques-uns… » Bruno Venanzi, qui ne s’était pas encore exprimé jusqu’ici sur les incidents si ce n’est par le biais d’un communiqué, n’a pas mis longtemps à réagir. Que retenir de cette longue réponse adressée à Eddy Janssis ?

1. Pourquoi Bruno Venanzi a-t-il décidé de punir tous les supporters rouches ?

« Si les débordements survenus hier (lisez dimanche) sont vraisemblablement les actes d’une poignée d’individus, il faut aussi préciser qu’ils semblent avoir été cautionnés par une grande majorité des supporters présents dans la tribune », écrit le président du Standard. « Après analyse, nous n’avons pas relevé la moindre réaction de supporters « passifs », choqués ou scandalisés par l’attitude de certains de leurs voisins. Or, il y avait des témoins qui, en se montrant très discrets, voire très tolérants, se rendent de facto complices de ces actes aussi stupides qu’inacceptables ».

2. Pourquoi Bruno Venanzi a-t-il pris cette mesure sans en référer à la FDR ?

Le président du Standard l’admet, il a pris sa décision de manière unilatérale. Pour deux raisons. La première ? « À plusieurs reprises par le passé, j’ai toujours tenté de privilégier la concertation et le dialogue avec l’ensemble des clubs de supporters », écrit-il. « Récemment encore, suite aux graves incidents survenus à l’Ajax, j’ai organisé une réunion afin de clarifier la situation et tenter de trouver un accord entre les parties. À l’issue de ces rencontres, j’ai obtenu de la part des groupes de supporters qu’ils s’abstiendraient de tout type de craquage durant au minimum quatre mois. Moins de deux mois plus tard, force est de constater que les engagements pris n’ont pas du tout été respectés, bien au contraire… » Et puis, Bruno Venanzi signale simplement qu’il a assumé les responsabilités qui incombent à un président de club. « Surtout lorsque la situation devient à ce point intenable », indique-t-il. « Et dans ce cas précis, il n’est plus question de concertation, de dialogue ou de consensus, mais simplement de sanctions légitimes et nécessaires au vu de la gravité des incidents survenus à Charleroi et dont les conséquences risquent d’être particulièrement préjudiciables pour notre club… »

3. La mesure décidée lundi ne pénalise-t-elle que les supporters « corrects » ?

Non évidemment. C’est, dit Venanzi, tout le Standard qui paye et va payer la note. « Si la sanction que j’ai décidé d’infliger pénalise les supporters corrects, elle pénalise aussi le club en général à tous les niveaux ainsi que l’ensemble des joueurs et du staff sportif qui ne pourront pas bénéficier de leurs traditionnels supporters lors des prochains déplacements. Cette décision n’est pas facile à prendre, car elle entraîne des dommages collatéraux que nous devrons assumer, mais elle nous a semblé élémentaire et évidente. Je constate d’ailleurs que la majorité des médias et de leurs lecteurs semble saluer cette sanction sans précédent. Me confortant dans l’idée que la décision prise fut sans doute la bonne. Et même si elle ne résoudra pas le problème à moyen ou long terme, il s’agit d’un geste fort qu’il fallait poser, car la situation devient totalement intenable et je n’ai absolument aucune envie d’attendre qu’il arrive quelque chose de plus grave encore avant d’être contraint de prendre les mesures nécessaires ».

4. Le Standard va-t-il en rester là, ou aller plus loin encore ?

Clairement, ce n’est pas fini. À Eddy Janssis, qui demande à Bruno Venanzi « une réunion avec la Famille des Rouches », le boss de Sclessin répond qu’il a « la ferme intention de s’attaquer à ce problème récurrent en profondeur afin d’y apporter des solutions concrètes et durables ». Il annonce, dans la foulée, la création d’un groupe de réflexion « en vue d’élaborer une ligne de conduite claire et cohérente pour éviter que cela ne se reproduise encore à l’avenir. Et mon intention est clairement d’intégrer la FDR à ce groupe de réflexion afin que les mesures qui seront mises en place soient élaborées de façon collégiale et concertée par tous, car nous savons que si nous voulons trouver des solutions à long terme, ce n’est qu’ensemble que nous y parviendrons ».

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