Arnaud Bodart se souviendra longtemps de ce lundi 15 mai. Non seulement à 19 ans, il a signé son tout premier contrat professionnel, mais en plus il a appris qu’il serait titularisé dans les buts du Standard à l’occasion du déplacement à Waasland/Beveren, ce mardi à 20h30.
Il y a des jours comme ça où tout tourne en votre faveur. « Déjà prometteur chez les jeunes, Arnaud a montré de très belles choses durant le stage hivernal et aux entraînements des pros lors de ces derniers mois », explique Olivier Renard, le directeur sportif du club de Sclessin. « Il a beaucoup travaillé pour mériter ce premier contrat pro. Arnaud a encore une belle marge de progression et il est déterminé à s’épanouir dans son club de cœur dont il porte les couleurs depuis déjà 11 saisons. »
Il marche donc dans les pas de son oncle, Gilbert Bodart, qu’on ne présente évidemment plus dans la cité liégeoise. Mais la comparaison doit s’arrêter là, même si, inévitablement, beaucoup tenteront de trouver des similitudes dans les styles, dans les performances, voire dans les attitudes. Le poste de gardien du Standard est suffisamment lourd à endosser pour en plus asséner celui qui l’occupe d’une (grosse) pression supplémentaire. « Appelez-le Arnaud ! » implore Philippe Vande Walle, le coach des gardiens des Rouches. « C’est un conseil que j’aimerais que tout le monde suive. Son nom est déjà suffisamment lourd à porter comme cela, même s’il lui fait honneur. Je connais très bien Gilbert, je peux assurer qu’ils sont différents, simplement parce que le poste de gardien aujourd’hui est incomparable avec celui de notre époque. Il s’agit désormais un autre sport. La génération est différente, le style est différent… rien n’est comparable. »
Voilà Arnaud Bodart face au plus grand moment de sa très jeune carrière, défendre les perches du Standard dans un match officiel. Un choix posé par le staff technique qui se veut finalement logique. « J’avais déjà proposé à Aleksandar Jankovic de procéder de la sorte si nous n’avions plus rien à jouer à un moment ou à un autre lors de ces playoffs. Il trouvait l’idée bonne et José Jeunechamps abonde dans le même sens. Il défendra donc les buts lors de ces deux dernières rencontres de la saison. Ceci n’est pas une récompense, mais une évolution. Il ne s’agit pas plus d’un examen de passage. Il a deux matches pour voir où il en est, mentalement notamment. Pour un gardien, préparer une finale de Coupe du monde ou un match à Waasland/Beveren, techniquement, c’est du pareil au même. Nous attendons simplement qu’il confirme ses qualités. » Des qualités que Philippe Vande Walle met facilement en avant : « Humble, perfectionniste, capable d’apprendre vite… Voilà les qualificatifs qui le caractérisent. Il assimile les choses très vite, aussi. Lorsque je lui fais une remarque, quelques jours ou quelques semaines plus tard, je m’aperçois qu’il en a tenu compte et qu’il a apporté les corrections attendues. Techniquement, il est très fiable. Un mot le caractérise : efficacité. Il est souvent bien placé et c’est très important pour un gardien, comme l’est un arrêt qui peut paraître anodin. »
Cette rencontre à Waasland/Beveren, elle, n’aura rien d’anodine pour Arnaud Bodart.
« Le contexte est idéal, dénué de toute pression »
Arnaud, c’est le fils de Vincent Bodart, le frère de Gilbert Bodart, qui fut aussi sa doublure en équipe première du Standard lors de la saison 1989-1990. « S’il débute à Waasland/Beveren, c’est qu’il le mérite », estime Gilbert Bodart, qui avoue ne jamais prodiguer le moindre conseil à celui en qui tout Sclessin croit. « Mon père ne l’a jamais fait avec moi non plus. Je le suis donc à distance. Arnaud mène sa carrière comme il l’entend. Il y arrivera grâce à lui et à personne d’autre, et grâce à ses qualités ».
Gilbert Bodart n’en doute pas un seul instant. « C’est une vraie force tranquille. Pas un je-m’en-foutiste, mais un garçon qui ne se met pas inutilement la pression. Arnaud, c’est quelqu’un de très cool, mais qui vit intensément pour le football, même s’il n’a pas laissé tomber les études pour la cause. C’est un énorme bosseur, qui épate par sa maturité et sa motivation »
Un Bodart en chassera donc un autre, ce soir au stade du Freethiel, puisqu’Arnaud reprendra le flambeau familial, près de dix-neuf ans après le dernier match de son oncle à Sclessin. « Le contexte est idéal pour lui », estime Gilbert Bodart. « Il n’y aura aucun enjeu, et donc aucune pression particulière pour Arnaud, qui ne s’en met de toute façon jamais. Il aura tout à gagner… »
« Il faut une bonne gestion émotionnelle »
Fort de sa deuxième victoire en playoffs 2, José Jeunechamps ne devrait pratiquement pas changer son onze de base à l’occasion de ce déplacement à Waasland/Beveren. « Nous avons gagné et j’aime être cohérent », lance-t-il. « Je ne suis pas un farfelu, donc je continue dans la même optique, d’autant qu’il y avait du contenu dans notre jeu contre Malines et que la mentalité affichée était très bonne. J’espère donc revoir les mêmes ingrédients. »
Un changement est certain cependant, celui de son gardien puisqu’Arnaud Bodart prendra la place de Jean-François Gillet. « Il faut bien débuter à un moment donné », sourit celui qui lui-même fut gardien de but, notamment au Stade Waremmien, alors en Division 3. « Arnaud mérite cette titularisation. C’est une suite logique de son apprentissage. » L’héritage est cependant très lourd. Le Standard a pu compter sur de très grands talents à ce poste et les supporters n’en sont devenus que plus exigeants. La pression y est peut-être même encore plus forte que pour un joueur de champs. « La plus grande qualité pour être gardien chez les Rouches, c’est dans la tête qu’il faut l’avoir. Le joueur doit être capable de gérer ses émotions dans un stade tel que celui de Sclessin et bien sûr bénéficier d’un peu de chance. J’estime qu’Arnaud possède les qualités nécessaires ou du moins, il montre des signes très intéressants. »
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